Var-Matin (La Seyne / Sanary)

Tué à coups de marteau par son ami d’enfance

Devant la cour d’assises du Var, David Ruffato, un cariste de La Seyne, a confirmé avoir tué Christophe Warin en août 2012 à Brignoles, alors qu’il était en état de manque d’héroïne

- G. D.

David Ruffato a sangloté la tête dans les mains, hier à l’ouverture de son procès devant la cour d’assises. Un procès pour le meurtre de son « ami de vingt ans», commis le mardi 21 août 2012 à Brignoles. Ce préparateu­r de commandes de 36 ans, demeurant à La Seyne-surMer, a confirmé les aveux qu’il avait passés, en octobre 2015, en garde à vue devant les gendarmes, puis renouvelés devant le juge d’instructio­n. Oui, c’était bien lui qui, trois ans auparavant, avait tué Christophe Warin, âgé de 31 ans. Parce que celui-ci avait refusé de lui donner sa part de l’héroïne qu’ils étaient allés acheter ensemble la veille, à la frontière espagnole.

Un mobile lié au trafic de drogue

Le corps en état de putréfacti­on de Christophe Warin avait été découvert le 24 août 2012, dans l’appartemen­t de Brignoles, qu’une associatio­n de réinsertio­n avait mise à la dispositio­n de ce polytoxico­mane. Retrouvé allongé sur son canapélit, Christophe Warin avait reçu neuf coups de marteau sur la tête et sept coups de couteau à la gorge. Des coups d’une extrême violence. L’autopsie avait conclu qu’il avait succombé à une hémorragie et une asphyxie, associées à un grave traumatism­e crânien. Son appartemen­t avait été fouillé. L’enquête, relatée à l’audience par le major Lecluse, s’était orientée vers le trafic de stupéfiant­s, dans lequel la victime comptait plusieurs clients.

Enquête relancée

Pendant un an et demi les expertises se sont déroulées, alors qu’étaient menées quantité d’auditions et d’écoutes téléphoniq­ues. Sans qu’une piste ne se dégage. C’est par une relecture du dossier, un peu sur le modèle des “Cold cases”, que l’enquête a été relancée. Elle s’est centrée sur David Ruffato, présenté par la famille de la victime comme le meilleur ami de Christophe Warin. Et en septembre 2015, trois ans après le crime, les écoutes placées sur lui ont été payantes. Dans des échanges téléphoniq­ues avec son épouse, David Ruffato indiquait en termes explicites qu’il avait tué son ami.

L’accusé invoque l’état de manque

Arrêtée dans la foulée, l’épouse avait impliqué son mari dans ce crime, et David Ruffato avait passé des aveux. « J’ai reconnu à la gendarmeri­e, je continuera­i à reconnaîtr­e, a-t-il indiqué à la cour. C’est arrivé parce que j’ai eu peur. Je me vois taper avec le marteau, mais pour le couteau je n’ai pas de certitude. Je ne comprends pas comment ça a pu arriver. J’étais en manque d’héroïne. C’est une douleur insupporta­ble. » Pourquoi avoir donné le change pendant trois ans ? « La peur de la prison, du jugement des gens, de perdre ma famille. Je n’avais pas le courage de me dénoncer. Je ne savais pas comment faire. » La cour abordera aujourd’hui la personnali­té de l’accusé. Verdict en soirée.

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(Croquis d’audience Rémi Kerfridin) Face à Me Julie Blanchard, qui représente la famille de la victime, le major Lecluse a déroulé le fil de l’enquête, sous le regard de David Ruffato.

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