Var-Matin (La Seyne / Sanary)

Furiani :  ans après, la tragédie hante les mémoires

Le 5 mai 1992, juste avant le coup d’envoi de la demi-finale Bastia-OM, la tribune Nord du stade de Furiani s’effondrait, faisant 18 morts et plus de 2 300 blessés

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Ici le soleil décline et l’ambiance monte »… Après ces quelques mots, un grand fracas et un silence assourdiss­ant pendant plusieurs minutes sur l’antenne locale de Radio France en Corse. La tribune Nord du stade Furiani de Bastia vient de s’effondrer, il y a vingtcinq ans. Au micro, le journalist­e Michel Vivarelli était perché tout en haut de la tribune Nord – une installati­on provisoire – pour commenter la demi-finale de la Coupe de France entre Bastia et l’OM. La catastroph­e, avant le coup d’envoi fait 18 morts et plus de 2 300 blessés. Les mots de Michel Vivarelli, qui seront ses derniers, ornent désormais le chemin qui mène jusqu’au mémorial des victimes du 5 mai 1992, entièremen­t réhabilité pour le 25e anniversai­re du drame. Le cauchemar est toujours ancré dans la mémoire de toutes les familles, de toute une île. « Il ne se passe pas une rencontre du Sporting sans que je ne pense à mes collègues, mes amis , disparus et blessés dans cette tragédie », raconte péniblemen­t Jean Pruneta, directeur des sports de RCFM, l’antenne locale de Radio France, qui se trouvait aux côtés de Michel Vivarelli le 5 mai 1992. « Je suis resté plusieurs semaines avec ce souvenir de chute. Ou plutôt

l’absence de souvenir. Je me souviens être au micro et puis le néant », se souvient-il.

Toute une île meurtrie

Marc avait 13 ans au moment des faits. Il était dans la tribune Nord et a vu sa famille disparaîtr­e sous ses yeux. « Je discutais avec mon cousin assis au rang derrière moi, quand soudain il a disparu. J’ai mis quelques secondes à réaliser ce qu’il se passait », raconte-t-il. « C’était une horreur de voir tous ces gens bloqués sous les décombres et de ne pouvoir rien

faire. » Finalement, il retrouvera les siens sains et saufs. Le bilan de 18 morts aurait pu être encore plus lourd quand on se souvient que près de 10 000 personnes avaient pris place sur cette installati­on provisoire. « Quand on est rentrés pour s’échauffer, je suis resté scotché devant la hauteur de la tribune et le monde qui s’y trouvait », se souvient Bruno Valencony, gardien du SC Bastia à l’époque. Les joueurs étaient au vestiaire quand l’édifice s’est effondré : « On a entendu un bruit énorme et on est tous ressortis. On a de suite compris et avec plusieurs coéquipier­s et même des Marseillai­s, on s’est précipités pour décrocher les grillages de la tribune Nord et évacuer les premières personnes qui prises de panique se retrouvaie­nt écrasées les unes contre les autres. Ce sont des images que je n’oublierai jamais. »

Le combat des victimes

« Ne jamais oublier », c’est justement le but du collectif des victimes du 5 mai porté par Lauda et Josepha Guidicelli, filles du journalist­e Pierre Guidicelli disparu dans la catastroph­e. Les deux soeurs se battent aux côtés de nombreuses victimes pour obtenir la « sacralisat­ion » du 5 mai. « Plus de match le 5 mai », un combat mené depuis plusieurs années mais qui a du mal à trouver écho auprès des instances nationales. A l’issue du procès en appel de la catastroph­e, fin 1995, un seul des 13 prévenus initialeme­nt poursuivis avait été condamné à une peine de prison ferme, le constructe­ur de la tribune provisoire, condamné en première instance à deux ans de prison et qui n’avait pas fait appel. Huit autres prévenus, dont des responsabl­es du club, de la Ligue corse ou de la Fédération Française de football ainsi que l’ancien directeur de cabinet du préfet, avaient notamment été condamnés à du sursis ou des amendes.

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(Photo AFP) Aujourd’hui, lors du match de L entre Saint-Etienne et Bordeaux ainsi qu’avant sept rencontres de L un hommage sera rendu aux  morts et   blessés de la catastroph­e de Furiani.

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