Var-Matin (La Seyne / Sanary)

20 ans de prison pour le meurtrier au marteau

Crapuleux pour les uns, passionnel pour les autres, le crime de David Ruffato était resté trois ans inexpliqué. Une période où ce Seynois avait donné le change auprès de la famille de sa victime

- G. D.

Les jurés varois ont suivi hier les réquisitio­ns de l’avocat général, pour condamner David Ruffato à vingt ans de réclusion. Ce cariste de 36 ans, demeurant à La Seyne-sur-Mer, avait avoué le meurtre de son ami d’enfance Christophe Warin, le 21 août 2012 à Brignoles. La victime avait succombé à de multiples coups de marteau et de couteau à la tête. Au centre de ce drame, il y avait 200 g d’héroïne, que les deux hommes avaient achetés la veille à la frontière espagnole.

État de manque ?

Au cours des débats, David Ruffato a plusieurs fois attribué son comporteme­nt meurtrier au manque d’héroïne qui le tenaillait le matin des faits. L’expert psychiatre a été questionné à ce sujet. « Je n’ai aucun élément probant et certain sur le fait qu’il ait pu présenter un état de manque. Lors de l’examen, il m’a dit qu’il n’avait pris ni toxique ni médicament susceptibl­e de modifier son comporteme­nt. Il ne m’a pas non plus parlé d’un état de manque. » Sinon, l’expert n’a trouvé chez l’accusé aucun trouble mental de nature à altérer son discerneme­nt. De prime abord, l’expert psychologu­e a estimé que le passage à l’acte très violent de David Ruffato évoquait un crime passionnel. Et que ses efforts pour donner le change, pendant les trois ans qui ont suivi, étaient un mécanisme de défense, du domaine du clivage. Comme s’il n’arrivait pas à admettre qu’il ait pu commettre ce crime.

Un sentiment de trahison

Les parents de Christophe Warin ont confirmé que dès le collège à La Seyne, celui-ci avait David Ruffato pour meilleur ami. Leur stupeur a été totale. « Il a accompagné la famille au cimetière, a souligné Me Julie Blanchard, qui assistait les parties civiles. Il a poussé le sadisme jusqu’au bout, en posant une plaque “A mon ami” sur la tombe de leur fils. » Pour elle, « ce massacre était un crime crapuleux, pour récupérer la drogue de son ami ».

Crime passionnel pour la défense

Une analyse partagée par l’avocat général Michaël Darras, qui est revenu sur l’acharnemen­t dont a fait preuve l’accusé. « Neuf coups de marteau sur la tête. Un crâne fracassé sur un diamètre de douze centimètre­s. Et, alors que la vie de la victime ne tenait plus qu’à un fil, six coups de couteau dans le cou. » Pour requérir vingt ans de réclusion, il a aussi demandé à la cour de tenir compte de son attitude pendant les trois années qui ont suivi, « où il a fait semblant de pleurer son compagnon ». Pour la défense de David Ruffato, Me Aurélie Dambrine a plaidé sur le registre d’un crime passionnel commis en état de manque. De son côté, Me Eve Chaussade a présenté le comporteme­nt de l’accusé auprès des proches de sa victime comme « un cercle vicieux du mensonge ». « Pendant ces trois années, c’est la partie de lui qui nie ce qu’il a fait qui a pris le dessus. »

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(Croquis d’audience Rémi Kerfridin) Pour la défense de David Ruffato, Mes Eve Chaussade et Aurélie Dambrine ont plaidé le crime passionnel commis en état de manque.

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