On prend pour des maladies des choses qui n’en sont pas.
Pensez-vous que ces pratiques pourraient toujours avoir cours ?
Oui, dans la mesure où rien n’interdit de pratiquer la médecine différemment; il s’agit surtout d’un d’état d’esprit. Les médecins ne sont pas obligés de se reposer d’emblée sur des examens complémentaires, d’assimiler la consultation à un traitement… Les médicaments en particulier ont tout envahi, ils sont devenus la réponse universelle. Quoi qu’il en soit, avec les problèmes économiques auxquels nous sommes aujourd’hui confrontés, tout ne peut, et ne pourra être résolu par des prescriptions.
Cette vision ne tourne-t-elle pas le dos au progrès thérapeutique ?
Il y a des pathologies graves, cancers, hépatite C, etc., pour lesquelles le progrès est indispensable, et qui imposent le recours à des thérapeutiques… Mais souvent on prend pour des maladies des choses qui n’en sont pas ou qui ne sont pas si sérieuses. Beaucoup de patients ne savent
La médecine a changé. Mais, les patients ne sont-ils pas eux aussi différents ?
La scientifisation de la médecine, très poussée, s’est accompagnée d’une consumérisation de la relation avec le médecin; on consomme de la médecine, et on en a pour son argent. Les patients sont devenus très consuméristes. Ils veulent des services maximums, et ça contribue à ce que les médecins se défaussent.
Comment vous définissez-vous aujourd’hui ?
Je suis un médecin qui raconte des histoires, qui écrit à partir de sa vie, et pas à partir de ce qu’il a vu. Un médecin qui écrit est confronté à un problème très important, celui du serment d’Hippocrate. On ne parle pas de ce qu’on a vu dans les maisons, et c’est très compliqué, le jour où on se met à écrire, de puiser dans ses souvenirs ; il y a l’interdit du secret professionnel qui pèse.