Comme un parfum de …
« Les deux hommes sont jeunes, lucides et brillants mais on disait la même chose de Valéry Giscard d’Estaing et de Jacques Chirac. »
Au nom d’une enquête préalable de probité, le gouvernement ne sera rendu public qu’aujourd’hui à heures, mais cette nouveauté bien dans l’air du temps n’empêche pas que les premiers pas du quinquennat Macron rappellent ceux de la présidence giscardienne au printemps . VGE, lui aussi, annonça « une ère nouvelle » dans son premier discours élyséen. Incarnation du centre droit, il nomma aussitôt un gaulliste à Matignon, Jacques Chirac, qui l’avait rallié pendant la campagne présidentielle suivi de députés UDR. Le compteur d’Edouard Philippe approche, lui, des soutiens Républicains. Déjà, Giscard rêvait d’entraîner deux Français sur trois, bref d’en finir avec l’affrontement droite-gauche. On connaît la suite : l’entente devint vite une guerre qui conduisit à sa défaite en . L’histoire, bien sûr, ne repasse jamais les mêmes plats, néanmoins c’est un pari comparable que tente Emmanuel Macron avec Edouard Philippe et le gouvernement que nous découvrirons cet après-midi. Obéissant au même réflexe que VGE, Emmanuel Macron installera, n’en doutons pas, un fidèle parmi les fidèles à l’Intérieur, ministère ultra-sensible, à la fois en matière de sécurité mais aussi dans le domaine politique pour parer les mauvais coups : son Michel Poniatovski sera probablement Gérard Collomb, le maire de Lyon, vieux routier de la politique et de ses embrouilles qui, dès le début, a cru à l’aventure macronienne. Comme Giscard avec les chiraquiens, le nouveau Président ne laissera certainement aucun des grands ministères régaliens entre les mains des Républicains ralliés à sa cause depuis le mai. Les autres postes clés – Défense, Intérieur, Justice, Affaires étrangères – seront confiés à ses proches ou à des alliés qui l’ont rejoint avant la bataille du premier tour. Pas d’ouvriers de la onzième heure dans ces ministères essentiels ! Bref, sous les apparences de la recomposition, Emmanuel Macron va prudemment verrouiller le gouvernement pour qu’il ne devienne pas un instrument d’émancipation entre les mains de son Premier ministre. Nul doute qu’il connaisse ce classique de la Ve République, ces tandems Elysée-Matignon qui démarrent dans les flonflons au nom de la défense de l’intérêt général et se terminent à couteaux tirés. La Seine n’a jamais été un fleuve tranquille entre l’Elysée et Matignon. Nul ne peut souhaiter, évidemment, qu’il en aille ainsi. Les deux hommes sont jeunes, lucides et brillants mais on disait ça également de Giscard, président à ans, et de Chirac, Premier ministre à ans. Le bain de jouvence d’aujourd’hui rappelle celui d’hier. Et l’attelage est tout aussi imprévisible. Au vrai, seule la réussite peut permettre à ce pouvoir de rester uni. La première épreuve de vérité va, d’ailleurs, arriver très vite avec les législatives. Un seul mot d’ordre pour Edouard Philippe et son gouvernement : ne pas les perdre. Sinon, la foudre de Jupiter tombera.