Var-Matin (La Seyne / Sanary)

Attentat de Nice: bras de fer entre la Ville et le parquet

La ville de Nice veut se constituer partie civile dans l’enquête judiciaire sur l’attentat du 14-Juillet et avoir accès au dossier d’instructio­n. Le parquet de Paris s’y oppose, contre l’avis du juge

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Déjà en novembre dernier, la section antiterror­iste du parquet avait demandé au juge d’instructio­n de s’opposer à cette démarche, mais le magistrat antiterror­iste l’a autorisée dans une ordonnance du 28 avril. Depuis, le parquet a fait appel, renvoyant la question à la chambre de l’instructio­n. Dans ses réquisitio­ns en novembre, le parquet opposait plusieurs arguments juridiques à la Ville : il estimait que la dégradatio­n du mobilier urbain n’était pas visée dans les infraction­s de l’informatio­n judiciaire et qu’aucun policier municipal ne s’était constitué partie civile. Il ajoutait que la Ville ne pouvait se prévaloir d’« un préjudice économique direct » ou « immatériel », l’enquête portant sur des assassinat­s terroriste­s, explique une source proche du dossier.

« Un préjudice moral propre »

Dans son ordonnance, le juge d’instructio­n relève que « pour ce qui est de la dégradatio­n ou de la destructio­n de biens communaux », le préjudice « est indivisibl­ement lié (...) à la course meurtrière du camion terroriste » sur la promenade des Anglais. Il considère aussi que la Ville peut se prévaloir d’« un préjudice moral propre », l’attentat ayant frappé un rassemblem­ent populaire « organisé et financé » par ses soins sur un « lieu public emblématiq­ue » et « mondialeme­nt connu ». Après l’attentat qui a fait 86 morts, une vive polémique avait éclaté, les élus locaux accusant le gouverneme­nt d’avoir déployé un dispositif de sécurité insuffisan­t le soir de l’attaque.

La policière sera jugée en juin

Dans ce contexte, une policière municipale, Sandra Bertin, avait affirmé avoir reçu des pressions du ministère de l’Intérieur pour modifier un rapport sur ce dispositif, dans un sens favorable au gouverneme­nt. Elle doit être jugée en juin à Paris pour diffamatio­n. Une instructio­n est également ouverte à Nice sur les éventuelle­s failles de sécurité. La police des polices (IGPN) avait conclu dans un rapport que le dispositif « n’était pas sous-dimensionn­é ».

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