PEDRO ALMODÓVAR
Un président très olé olé !
Pour un 70e anniversaire que l’on espère particulièrement festif, qui mieux que ce fier représentant de la Movida ? Almodovar président ! par PHILIPPE DUPUY pdupuy@nicematin.fr @djphilip
C e n’est pas encore cette année que Pedro Almodóvar décrochera la Palme d’or. Mais au moins, cette fois, il y aura une bonne raison pour cela, puisque c’est lui qui présidera le jury! « Je suis très heureux de fêter le 70e anniversaire du Festival du film de Cannes dans cette fonction si privilégiée, confie l’heureux élu. Je suis reconnaissant et honoré et j’ai le trac ! Être président du jury est une lourde responsabilité et j’espère être à la hauteur des circonstances. Je peux vous dire que je vais me dévouer corps et âme à cette tâche, qui est à la fois un plaisir et un privilège». De leur côté, les organisateurs se réjouissent de l’accueillir une fois de plus sur la Croisette et rappellent qu’ «une longue fidélité unit Pedro Almodóvar au Festival, dont il a été membre du jury en 1992 sous la présidence de Gérard Depardieu ». Une fidélité qui n’a pas toujours été bien récompensée. Au cours de sa déjà longue carrière, débutée en 1980 avec Pepi, Luci, Bom et autres filles du quartier, le réalisateur vedette de la nouvelle vague espagnole a présenté cinq films en compétition à Cannes
(lire par ailleurs), sans jamais parvenir à décrocher la Palme d’or, qui manque toujours à son prestigieux palmarès. À 67 ans, Pedro Almodóvar est le plus célèbre et le plus titré des réalisateurs espagnols. Sa filmographie « éblouissante et iconoclaste» compte 20 films et embrasse quasiment tous les genres (vaudeville, farce, tragédie, fantastique, comédie musicale, thriller) avec une prédilection pour les figures féminines (il a révélé Penélope Cruz, Marisa Paredes, Rossy de Palma, Carmen Maura et Victoria Abril), les secrets, la culpabilité, l’identité sexuelle et la filiation. César du meilleur film étranger 1993 pour Talons aiguilles, César d’honneur 1999, Oscar du meilleur film étranger 2000 pour Tout
sur ma mère, Oscar du meilleur scénario 2003 pour Parle avec elle, Prix du cinéma européen 2013, prix Lumière 2014, la Palme d’or est la seule récompense majeure qui lui échappe encore. Il fallait bien une présidence du jury pour convaincre Almodóvar que Cannes aime encore son cinéma et l’inciter à y revenir chercher la consécration suprême. Derrière ses lunettes noires et ses cheveux en bataille, ce fier représentant de la Movida espagnole au look « baroque and roll », goûte sans doute sa revanche. Connaissant sa personnalité flamboyante et entière, on imagine qu’il sera un président très actif et plutôt dirigiste, voire versatile. Mais on se dit aussi que, malgré son âge vénérable (67 ans), il fera un président du jury très olé olé, pour une édition anniversaire que l’on espère particulièrement festive. Mieux vaut Almodóvar que jamais !