70 ANS D’HISTOIRE EN 10 TEMPS FORTS

ABEL GANCE, ORSON WELLES, KIRK DOUGLAS… Dans un superbe palais édifié en 1947 sur la Croisette, l’édition 1953 reçoit une pluie de stars. Abel Gance (ci-dessous à gauche) raconte au reporter de Nice-Matin comment, en un seul jour, il a tourné à Toulon les « triptyques-panoramas » de son Napoléon. On croise aussi Orson Welles (ci-dessous à droite), Arletty, Olivia de Havilland, Gary Cooper, Tati et même Walt Disney, Picasso et Cocteau ! Pour Le Salaire de la peur, Clouzot fait venir Charles Vanel et Yves Montand. Brigitte Bardot loue le courage de Kirk Douglas, qui vient de secourir un naufragé dans la baie. DU GUÉPARD AUX OISEAUX Si Sophia Loren remporte le prix d’interprétation féminine en 1961 pour son rôle dans La Ciociara, de Vittorio De Sica d’après Alberto Moravia, c’est une autre Italienne, Claudia Cardinale (ci-contre), qui crée l’événement en 1963 avec Le Guépard. Le chef-d’oeuvre de Luchino Visconti (ci-contre à gauche), dont la belle partage l’affiche avec Burt Lancaster (ci-contre à droite) et Alain Delon, fait sensation avec une scène de bal qui occupe quarante-cinq minutes. Sensationnelle aussi, la présence d’un vrai fauve dont les photographes immortalisent l’apparition sur la plage. La Palme d’or lui revient sans surprise. Hors compétition, un autre long-métrage retient toutefois l’attention : Les Oiseaux, d’Alfred Hitchcock.Tandis que Huit et demi, de Fellini, passe inaperçu en dépit du brillant Marcello Mastroianni.Trois ans plus tard, un film français, Un Homme et une femme, reçoit la récompense suprême, ex aequo avec Signore et signori (Ces messieurs-dames) de Pietro Germi. Claude Lelouch superstar invente une nouvelle façon de filmer. Le réalisateur bouclera quasiment un film tous les ans. Dont une suite en 1986, Un homme et une femme : vingt ans déjà. La décennie se poursuit avec BlowUp, de Michelangelo Antonioni, auquel le programme Cannes Classics rend hommage pour cette 70e édition. Où un photographe de mode se fait, sans le savoir, le témoin d’un meurtre dont ses négatifs, progressivement agrandis, donnent la clé. Pas de palmarès en 1968, Mai oblige. François Truffaut prend la tête de la fronde, réclamant la fermeture du Palais avec le soutien de Godard, Polanski ou Malle. En 1969, CostaGavras dénonce avec Z les dérives totalitaires d’un pays imaginaire où l’on reconnaît sa Grèce natale. Cette année-là, sous la présidence de Luchino Visconti, If... décroche la Palme d’or tandis que le prix de la première oeuvre est décerné à Dennis Hopper pour Easy Rider. Robert De Niro entre dans la légende. En incarnant devant la caméra de Martin Scorsese un paumé avide d’exister, l’acteur campe un antihéros dans Taxi Driver (ci-contre) dont la conduite le précipite dans l’horreur. Une Palme d’or qui ne doit pas occulter le prix de la mise en scène pour Ettore Scola qui explore les bas-fonds dans Affreux, sales et méchants. Le président Tennessee Williams, déteste pourtant la violence... L’année suivante sera marquée par l’oubli de toute récompense pour Une journée particulière, bijou intimiste où Sophia Loren et Marcello Mastroianni instillent délicatesse et tendresse alors que défile sous leurs fenêtres une tragédie annoncée. La décennie s’achève en fanfare avec Apocalypse Now de Francis Ford Coppola. Le réalisateur, qui a hypothéqué ses biens pour venir à bout du tournage, partage la Palme d’or avec Volker Schlöndorff dont Le Tambour bouleverse le jury. Hors compétition ? Manhattan de Woody Allen et Hair de Milos Forman. Rien que ça ! LE GÉNIE D’ADJANI Sidérant doublé. Isabelle Adjani (ci-dessous avec Sam Neill) repart avec deux prix d’interprétation féminine. Le jury récompense des rôles aux antipodes: une performance tout en nuances dans Quartet, de James Ivory; un accès d’hystérie dans Possession, d’Andrzej Zulawski. Violence et fureur aussi en 1982, cette fois autour du «bunker». Cet imposant mastaba succède au Palais Croisette qui sera démoli en 1988, avant d’être transformé en hôtel.