Var-Matin (La Seyne / Sanary)

TOP  (BARRAGE TOULON - CASTRES, VENDREDI À  HEURES À MAYOL) Un colosse au coeur d’argile

Surnommé papy par ses partenaire­s, Jocelino Suta a tout connu au cours de ses dix ans au RCT. Des souvenirs, cet ancien du bâtiment en a à la pelle

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Sa retraite sportive, il s’y prépare déjà. Il l’appréhende même quelque peu. Le deuxième ligne sait qu’il pourrait connaître un sérieux coup de blues une fois les crampons raccrochés. Déjà, les plus jeunes de ses partenaire­s le surnomment affectueus­ement papy... Avec une dernière année de contrat à honorer, Jocelino Suta goûte à tous les bons (et moins bons) moments. Il sait que le rugby au haut niveau prendra fin dans un an. Bientôt «la boucle sera bouclée » dit-il un brin fataliste. Ajoutant déjà nostalgiqu­e : « Les années passent très vite ». Alors certes, avec son diplôme, il pourra toujours entraîner. Mais comme il l’a d’ores et déjà intégré, ce ne sera plus pareil. Monter une petite affaire (un bar ou un restaurant) dans le Var, la terre d’adoption de Cynthia, son épouse rencontrée dans le sudouest, est également une possibilit­é à prendre en compte. Joce se sait aujourd’hui privilégié. Lui qui n’a rien oublié de son passé de labeur. Il se souvient parfaiteme­nt qu’avant le rugby, il travaillai­t de ses mains dans le BTP. Il a manié la pelle et la pioche. Aujourd’hui, quand il voit des travailleu­rs sur un chantier peiner sous le cagnard provençal, il n’hésite pas à leur apporter à boire. Un gentleman, ce M. Suta ! Venu au rugby, à Nouméa, presque par hasard (il avait alors 18 ans et ne connaissai­t même pas les règles), ce superstiti­eux, retenu avec une sélection de son île du Pacifique, allait prendre part à un tournoi en métropole (Bordeaux). Avec son physique de déménageur un brin enrobé (il pesait 125 kg), l’amateur de volley et de pétanque se faisait aussitôt remarquer par les dirigeants de Montde-Marsan. Un mois après, malgré les pleurs de sa mère (et les encouragem­ents de son père), il signe dans le club montois. Il y restera cinq ans. Marc Dal Maso sera d’ailleurs l’un de ses premiers entraîneur­s. Il le retrouvera dix ans plus tard sous le soleil varois. Quand il débarque à Toulon en 2008 à l’appel de Tana Umaga (« L’idole du Pacifique »), ce catholique pratiquant (outre le royal tatouage Tanoa - incontourn­able pour les Fidjiens -, un large crucifix fait partie de ses nombreuses oeuvres ornant son corps d’athlète), le

réservé.‘‘ deuxième ligne se montre Par nature. Il reconnaît se signer avant d’entrer sur un terrain. « cadre écouté du groupe. Fédérateur dans l’âme, il n’a de cesse de mettre en exergue l’intérêt premier du club. De Wallis et Futuna - son île natale - à Toulon, ce gaillard a bien

Bakkies‘‘ grandi dans sa tête. Il s’impose et en impose. Auprès de joueurs de la trempe de Botha et Ali Williams, en passant par Shaw, Chesney ou Kennedy, il a sans cesse progressé. Avec un entraîneur aussi atypique que Laporte (il a voulu l’étrangler au sortir d’une séance vidéo virulente), il apprend, entre autres, à devenir sage. Et n’écope plus du moindre carton. Voilà d’ailleurs pourquoi il a appris à éviter - autant que faire se peut - toutes embrouille­s sur les points chauds. Cet heureux propriétai­re à La Farlède avec son épouse et ses deux enfants (8 et 2 ans), bon père de famille, ne cache pas avoir connu une saison « compliquée » comme il la qualifie pudiquemen­t. « On ne va pas se le cacher. C’est l’année la plus lourde que j’ai connue depuis mon arrivée ici. Chaque année, on attend beaucoup de nous. Et pendant de longs mois, dans le contenu, on n’y était pas. Mais comme je l’avais dit, il y a quelques semaines déjà, tout irait mieux avec le retour du printemps. Eh bien, nous y sommes ! Le RCT revient à son niveau avec l’arrivée des beaux jours. La puissance et la confiance sont de nouveau au rendez-vous. Cockerill donne de la voix et le groupe fait désormais preuve d’une belle sérénité. La saison n’est pas sauvée son voisin de casier à Berg, qualifié de «petite bombe pas humaine ». L’Ancêtre (il aura 35 ans en novembre) comme l’appellent taquins les Espoirs du club, a prolongé à quatre reprises son contrat avec le club rouge et noir « Quand on est bien dans un club, on ne bouge pas », explique-t-il. Ce deuxième ligne de devoir comme on dit dans le jargon n’a connu qu’une seule sérieuse blessure. C’était en 2011, il était alors resté cinq mois loin des terrains à cause d’une sale fracture de l’avant-bras gauche. Une longue cicatrice la rappelle. Toujours humble, souvent souriant, il place constammen­t en avant les performanc­es du groupe. Et ce qu’il soit ou pas sur la feuille de match. « C’est ma façon de fonctionne­r. L’équipe passe bien avant Pas plus Matt Giteau que Bryan Habana, toujours pas rétablis, ne joueront le barrage contre Castres ce vendredi soir à Mayol. En revanche, François Trinh-Duc sera titularisé à l’ouverture au côté de Sébastien Tillous-Borde.

 ?? (Photo Frank Muller) ?? Encore rêveur, Jocelino Suta, sur les quais du port de Toulon, ne pourra jamais oublier l’accueil réservé par les supporters rouge et noir pour célébrer leurs titres.
(Photo Frank Muller) Encore rêveur, Jocelino Suta, sur les quais du port de Toulon, ne pourra jamais oublier l’accueil réservé par les supporters rouge et noir pour célébrer leurs titres.
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