Un retour romanesque LES FANTOMES D’ISMAEL
D’Arnaud Desplechin (France). Avec Mathieu Amalric, Marion Cotillard, Charlotte Gainsbourg. Durée : h . Genre : drame. Notre avis :
Notre avis
Dense. Extrêmement dense et finalement inqualifiable. À multiplier les genres, passer du drame intimiste à la farce, jusqu’à l’espionnage par l’insertion d’un film dans le film, Les Fantômes d’Ismaël, imaginé par Arnaud Desplechin, est d’une richesse inouïe. D’autant plus frappant que ce montage, ce melting-pot, dans le fond et la forme, trouve une remarquable unité, se tient d’un bout à l’autre, se réinvente sans cesse et (re)démontre qu’Arnaud Desplechin est un auteur majeur. Porté par Mathieu Amalric, ce même « prolongement » que Jean-Pierre Léaud était à François Truffaut – son « maître » auquel on pense une nouvelle fois, La Nuit américaine en tête –, la réflexion sur l’art est omniprésente. Le réalisateur révélé par La Vie des morts jette ses images comme Jackson Pollock sa peinture, redéfinit la notion de perspective au cours d’une folle séquence ou fait parler son amour pour le romanesque en s’amusant avec la notion du triangle amoureux. En choisissant de faire un film somme, où il retrouve ses figures et étale ses préoccupations, Arnaud Desplechin vise juste et fait entrer le spectateur dans sa boîte crânienne. Il évoque donc aussi bien la fuite que la douleur du retour, fait jaillir la réalité dans la fiction puis la fiction dans la réalité avec un talent vertigineux… Fausse opposition Godardienne, suspension du temps Proustienne, (auto)citations et douleur palpable vis-à-vis d’un monde presque fantasmé dans lequel il invite à vivre au présent… là où Trois souvenirs de ma jeunesse était marqué par la nostalgie. La juxtaposition en perpétuel équilibre débouche sur une pièce majeure, hautement cinématographique, pensée dans son moindre détail.
Le Goût du tapis rouge
D’Olivier Servais (France). Durée : h Genre : documentaire Notre avis :
L’histoire
En mai à Cannes, a lieu le plus grand festival de cinéma au monde. Se déroule, sous nos yeux, un dialogue imaginaire avec ce lieu fantasmé…
Notre avis
Documentariste et cinéphile, Olivier Servais a filmé deux éditions du Festival de Cannes ( et ), depuis les trottoirs de la Croisette. Une immersion déambulatoire qui donne une vision vertigineuse de ce qu’est le Festival en marge du protocole et des projections : une immense foire aux vanités à ciel ouvert où chacun se montre, se photographie et se filme dans une bousculade permanente heures sur . Qui n’aurait jamais entendu parler du Festival de Cannes pourrait se demander, en voyant le film, quel genre d’événement peut provoquer pareil afflux de populations hétéroclites et quel culte étrange elles viennent pratiquer là! Le réalisateur, qui est venu présenter son film en avant-première à Cannes et à Nice, explique avoir voulu être « un badaud parmi les badauds »et « donner un visage aux anonymes » qui hantent chaque année les coulisses du Festival. De quatrevingt heures de rushes, il a tiré un film d’une heure treize assez édifiant. À voir en avant-goût du
anniversaire.
Retrouvez la critique des films présentés lors du Festival de Cannes, et qui sortent aujourd’hui en salle, dans notre supplément spécial Festival de Cannes.