Var-Matin (La Seyne / Sanary)

Au cours des plaidoirie­s... «Whatelse!»

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«Le tribunal correction­nel n’est pas la voiture relais pour les procédures tordues et il faut en tirer les conséquenc­es.» Dernières paroles, dernière plaidoirie prononcée, hier, par Me Lionel Moroni, l’un des avocats de Julien Fanjat poursuivi pour trafic et associatio­n de malfaiteur­s. Face aux cinq années de prison requises la veille par Nicolas Ruby (parquet de Toulon), le pénaliste pointe les failles, les carences et les supputatio­ns. «On nous prend pour des pauvres à Toulon ! On n’est pas à un baptême, ni à une bar-mitsva, mais on n’a pas tous les invités dans ce dossier. Ici, on n’est pas capable d’audiencer vingt-cinq personnes. On s’en tient à dix?» Et de poursuivre sur le contenu du dossier. «Vous avez un mètre cube et si on n’a pas les sonorisati­ons (écoutes), on n’a rien. En deux ans de surveillan­ce, que trouve-t-on sur Fanjat ? Un rendez-vous dans un café où l’on ne voit rien. Deux ans ! Ça a coûté combien ? What else?», termine-t-il, paraphrasa­nt le procureur version Georges Clooney.

Interventi­on d’un sourd-muet !

Même prévenu, deuxième avocat et autre diagnostic du dossier : « Où sont les preuves ? Son train de vie? On nous a sorti des factures de sushis. Imaginez un grand trafiquant qui investi dans les sushis… 671€ de sushis en… huit mois. Et il va à la plage en plus ! », a plaidé Me Linol-Manzo. Selon elle, l’homme a bel et bien une activité profession­nelle: «Il est maçon. Pas déclaré. Il travaille au black. C’est illégal. Immoral à faire arracher les cheveux d’un inspecteur des Impôts. » L’accent est mis sur un procédé «inouï ». Du jamais vu. « On a fait intervenir un sourd et muet pour lire sur les lèvres lors d’un rendez-vous de Fanjart. Dix minutes de conversati­ons et trois phrases… Deux ans de surveillan­ce et on se demande toujours comment il contacte ses potentiels clients: par pigeons voyageurs? Par télépathie ou par magie?»

« ,  balais,  ans de prison »

En ouverture d’audience, Me François-Xavier Kozan a défendu Christophe Martel, considéré par l’accusation comme l’un des acteurs essentiels. De sa prison des Bouchesdu-Rhône, ce quinquagén­aire au lourd passé judiciaire, par le biais de sa compagne Sandrine L., aurait poursuivi la gestion d’un trafic et, plus particuliè­rement, le recouvreme­nt des créances. A la barre, avec sa gouaille et non sans humour, M. Martel a admis ne pas être tout blanc, mais a nié toute participat­ion au trafic reproché. Pour son conseil, Audiard pourrait résumer son parcours à «2017, 50 balais, 20 ans de placard. C’est un homme qui n’existe pas socialemen­t. On lui reproche ses mauvaises fréquentat­ions mais, à ses sorties de prison, il ne va pas retrouver ni les policiers, ni les magistrats, ni le procureur… ». Il ajoute : «Un trafiquant? Il a fait deux crédits à la consommati­on!» Depuis jeudi, une dizaine d’avocats s’est succédé face aux magistrats: Mes Vincent Ordioni, Bertrand Pin, Frédéric Frenzel, Valérie Coriatt, François-Xavier Kozan, Romain Callen, Christophe Hernandez, Kevin Travart, Marie Pierret, Emily Linol-Manzo, Lionel Moroni.

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(Photo P. P.) Mes Emily Linol-Manzo et Lionel Moroni.
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(Photo E.M.) Me Christophe Hernandez.
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(Photo P. P.) Me François-Xavier Kozan.
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(Photo P. P.) Me Romain Callen.
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(Photo P. P.) Me Frédéric Frenzel.
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(Photo P. P.) Me Bertrand Pin

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