Var-Matin (La Seyne / Sanary)

PREMIER PLAN

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Cachés en coulisses, des jeunes gens s’apprêtent à perturber une conférence de l’Associatio­n française de lutte contre le sida. Ils montent sur scène et brandissen­t des pancartes d’Act Up. On les retrouve un peu plus tard à la réunion hebdomadai­re de l’associatio­n, où ils débriefent leur action... qui s’est avérée plus violente que prévu. Le film suit un groupe d’une dizaine de jeunes militants d’Act Up-Paris, depuis une de leurs premières actions de perturbati­on d’un congrès de l’Associatio­n française de lutte contre le sida (jugée trop attentiste et proche du pouvoir) en 1989, jusqu’au décès de l’un d’eux, en passant par les Gay Pride et les manifestat­ions contre le sang contaminé. La reconstitu­tion des actions et des réunions hebdomadai­res de l’associatio­n, où elles étaient conçues et débriefées collective­ment, est tellement réaliste qu’on croirait assister à un documentai­re. Mais Robin Campillo s’intéresse finalement moins aux actions historique­s d’Act Up (qu’il se garde bien d’héroïser ou de glorifier), qu’à ses personnage­s (fictifs bien qu’inspirés de militants réels de l’associatio­n). C’est bien sûr pour cela que le film est aussi bouleversa­nt : ces visages imaginaire­s sont tous terribleme­nt attachants. Si on était à l’heure du palmarès, on décernerai­t volontiers un prix d’interpréta­tion collectif aux comédiens, presque tous inconnus du grand public, qui les incarnent. À défaut Nahuel Perez Biscayart, qui joue Sean, pourra les représente­r avantageus­ement. Il faut aussi saluer l’engagement sincère d’Adèle Haenel, même si on trouve qu’engager une comédienne de sa notoriété sur un projet comme celui-ci n’était pas forcément une bonne idée. Elle est d’ailleurs plutôt en retrait. Malgré deux scènes de sexe homo un peu crues, 120 battements par minute ce n’est pas Le VIH d’Adèle, comme on aurait pu le craindre… Premier film français en compétitio­n, 120 battements par minute place la barre très haut pour les suivants. Il confirme le talent de metteur en scène de Robin Campillo (déjà éclatant dans Eastern Boys) et rappelle que ce dernier avait participé, comme scénariste, à l’aventure d’Entre les murs. Laquelle s’est soldée, on s’en souvient, par une Palme d’or ici même en 2008.

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