« Tant qu’il y a de l’amour... »
Acclamé par le public de La Quinzaine des réalisateurs, Ôtez-moi d’un doute est un film sur la famille. Ou plus exactement sur la paternité. Et surtout un film sur l’amour. Tout court.
Q u’est-ce qu’une famille aujourd’hui? Et c’est quoi, être père ? Des gènes ? Un mode d’éducation ? Un sentiment de responsabilité ? « Non, c’est l’amour qui compte
avant tout », répond Cécile de France avec la simplicité complice qui nous a toujours fait craquer. Dans Ôtez-moi d’un doute, de Carine Tardieu, elle campe au milieu d’une distribution brillante « une fille qui fonce, une baroudeuse ». Un démineur (François Damiens) découvre que son père biologique n’est pas celui qu’il croyait être. La bombe est amorcée. En quête du géniteur, il rencontrera l’âme soeur.
L’accueil de La Quinzaine vous a touchée ?
J’étais émue aux larmes. Je ne sais pas pourquoi, j’ai l’impression que c’est la première fois que je vis cela. Est-ce l’effet que produit Cannes ? Ou le fait que La Quinzaine des réalisateurs soit ouverte aux non-professionnels ? Le film y a été montré à un « vrai » public. Les gens nous ont envoyé des compliments qui leur venaient du fond du coeur.
Du coeur, ce film n’en manque pas…
C’est vrai, c’est un très, très beau film. Je l’aime beaucoup. Il paraît assez simple, mais en réalité il est profond. Mouvant, drôle, touchant. Avec plein de suspens et de rebondissements. Des névroses refont surface, des solitudes se croisent, chacun apporte quelque chose à l’autre, le tout dans une grande bienveillance, une grande tendresse. L’histoire est assez bouleversante, mais la réflexion sur les rapports entre le père et les enfants est aussi très intelligente.
Pas assez grave pour la sélection officielle ?
Ce n’est peut-être pas le bon profil. Mais c’est bien ! C’est bien que La Quinzaine soit là pour faire découvrir des films différents.
La notion de famille a bougé ?
C’est vrai que les codes ont été un peu bousculés. Heureusement ! On voit bien qu’on se libère des traditions, de tout ce qui nous enferme, nous embrigade et crée de la tristesse, du malheur, des vies brisées. Chacun a le droit de mener sa quête personnelle et de découvrir sa propre identité. En toute liberté. Tant qu’il y a de l’amour…
Vous faites le premier pas. Dans la vraie vie, êtes-vous aussi décomplexée ?
Je pense que je partage avec mon personnage ce côté cash: je ne fais pas trop de chichis. Je peux aussi avoir un côté solitaire. Et cette fragilité, derrière la force supposée, résonne en moi. C’est un trait que j’ai en commun avec François Damiens. Tous les deux, on a cette image de «bons Belges solides», avec quelque chose d’un peu «viril». Évidemment, c’est plus compliqué que ça. Derrière les apparences se cache la sensibilité.
« DÉCOUVRIR SA PROPRE IDENTITÉ, EN TOUTE LIBERTÉ. »