Var-Matin (La Seyne / Sanary)

Circulez y’a rien à voir. Ou trop. Sous la vague, quelle histoire ? Celle d’une réalisatri­ce submergée par la noirceur de son propos et qui finit par se noyer à force de nous jeter à l’eau. Spectral et abyssal.

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par FRANCK LECLERC ’abord une vague. Colossale. Un homme perdu sous une montagne H2O. Il nage. Surnage. Et coule. S’enfonce dans l’immensité. Le monstre continue de déferler pour l’avaler en bouillonna­nt. L’inconnu sombre, tout est noir. Un vrai cauchemar. Deuxième plan, tout blanc. Le même homme étendu sur un vieux lit, dans une cahute qui prend l’eau de toute part. Non, pas l’eau, plutôt le sable. Autre élément sans prise contre lequel tout corps est incapable de faire barrage. Un troisième plan. Puis un quatrième. Et encore un cinquième. Pour décrire l’asphyxie de l’homme qui engloutit des litres d’eau devant l’écran de son ordinateur, au volant de sa voiture, puis sur l’asphalte où se prolonge son agonie. Par chance, le film ne dure que dix-sept minutes. C’est déjà long. Davantage serait intolérabl­e. La pesanteur de l’eau, le bruit assourdiss­ant, les contorsion­s du malheureux sont angoissant­s. Est-il mort ? Peutêtre pas encore. Mais le châtiment que Kristen nous assène est assassin. «Ça ne me fera pas mal », serine comme un mantra une voix off à l’écho sépulcral. Scénario fantomatiq­ue, montage nerveux et totalement vampirisan­t. Que dire de cette première tentative de réalisatio­n? Sinon qu’elle aurait davantage sa place dans une galerie branchée de Meatpackin­g District que dans une salle de projection ? Parlons-en, de la projection. Come Swim a fait le plein hier, dès son unique présentati­on. Le plein de demoiselle­s – les fans de Twilight, on en est toujours là –, venues pour les selfies. Ouf! Kristen n’a pas été avare. Plus économe de ses mots lorsqu’il s’est agi d’introduire son premier court-métrage. Un préambule réduit à sa plus simple expression : « Regardons plutôt le film... » Ceux qui attendaien­t la conclusion pour en savoir un peu plus sur ses intentions sont restés comme deux ronds de flan. La belle s’est tournée vers ses camarades en leur faisant signe qu’il était temps d’aller manger, façon relativeme­nt discourtoi­se de prendre congé. On reste sur sa faim, sauf côté look : il est soigné. Une longue robe argentée, une sorte de bandeau mordoré, une coiffure inédite. Le cheveu ras, platine. Et cette silhouette divine pour une actrice qui ne s’est jamais trop encombrée de convention­s.

Look étudié et même renouvelé. Côté contenu, son premier court-métrage laisse perplexe.

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