Séquestré au Castellet pour une dette de drogue
Un vaste trafic de cocaïne a été démantelé par les policiers de la PJ entre la région de Marseille et la Guyane. La séquestration, au Castellet, d’un membre du réseau a précipité le coup de filet
De la Guyane à Marseille, et jusqu’à Toulon. Voilà l’itinéraire qu’empruntait la cocaïne, importée par un réseau de trafiquants entre la Guyane française et la métropole – information révélée par La Provence. La semaine dernière, les policiers de l’Office central pour la répression du trafic illicite des stupéfiants (Ocrtis) ont mis fin aux débarquements illicites, en lançant un vaste coup de filet. Depuis des mois qu’ils surveillaient ce réseau qualifié de très « lucratif ».
Dans une bergerie au Castellet
« Le 16 mai en matinée, les enquêteurs ont eu connaissance d’un enlèvement et d’une séquestration, développe une source proche de l’enquête. Il s’agissait d’un membre du réseau qui avait une dette». Ce Marseillais, qui n’avait pas reversé l’argent de la drogue, se trouvait entre les mains des trafiquants. Paradoxalement, ce complice doit aux policiers d’avoir été libéré. « Pendant un jour et une nuit, cet homme a été molesté. On n’a pas pris de risque, on est intervenu », explique-t-on à la Direction interrégionale de la police judiciaire. Un dispositif de recherche permet de retrouver la trace des trafiquants, partis en convoi sur les petites routes du Var. Ceux-ci viennent de quitter une bergerie en ruine au Castellet et ramènent leur « otage », probablement vers Marseille.
Neuf mois d’enquête
Ceux qui sont considérés comme les principaux trafiquants sont arrêtés. Domiciliés à Bandol pour l’un et Aubagne pour le second, ils sont âgés d’une vingtaine d’années. Tous deux sont connus des policiers, notamment pour détention de stupéfiants. Le lendemain, le 17 mai, une deuxième vague d’interpellations permet d’appréhender leurs complices, dont le fournisseur présumé. Les arrestations mènent les policiers jusqu’au Havre et Lille, avec le soutien des polices judiciaires locales. Dix personnes sont mises en examen et écrouées (dont le Marseillais victime de l’enlèvement), et deux placées sous contrôle judiciaire. Des armes ont été saisies, ainsi que 53 grammes de cocaïne. «Le trafic est établi par d’autres éléments que la saisie de drogue, au bout de près d’un an d’enquête. » Car les investigations font suite à une affaire précédente. Juteuse.
Une famille tenait le trafic
C’était en août 2016, dans une chambre d’hôtel d’Aubagne. Quatre personnes avaient été arrêtées en flagrant délit, « en pleine transaction ». Tous sont membres d’un réseau «d’importation de cocaïne, via des mules – la drogue étant ingérée ». Pour ce premier dossier, six personnes ont été mises en examen, 92 000 euros saisis, avec 1,3 kg de cocaïne. Les revendeurs alimentaient des quartiers marseillais, mais aussi Toulon. Les deux réseaux, d’août 2016 et de mai 2017, étaient tenus par une même famille. L’arrestation d’un frère n’avait nullement empêché les autres de poursuivre le trafic, depuis la Guyane et le Suriname, grâce à des « mules ».
gr de cocaïne dans le ventre
Les « mules » étaient chargées de transporter la drogue… dans leur ventre. Elles avalaient des « olives » de coke avant d’embarquer dans un avion pour la métropole. Selon la PJ, les « mules » pouvaient ingérer jusqu’à 700 grammes de cocaïne à chaque voyage. « Une fois arrivée, la drogue était coupée pour atteindre un poids à la revente de deux à trois kilos », souligne une source proche de l’enquête. Le GIR Paca (Groupe d’intervention régional) a longuement travaillé sur le réseau, sous l’autorité d’un juge d’instruction de la JIRS (juridiction interrégionale spécialisée). « Une enquête de longue haleine, qui permet de démanteler un trafic complet », félicite la PJ. Quant aux bénéfices engrangés, les enquêteurs savent qu’ils sont pour une bonne partie déjà partis. « Le réseau flambait beaucoup, beaucoup d’argent. »