Lánthimos divise avec un thriller qui sent le déjà-vu...
ans la catégorie des enfants psychopathes, la Palme d’or est attribuée à Barry Keoghan, alias Martin dans Mise à mort du cerf sacré de Yórgos Lánthimos… Ex aequo avec Fantine Harduin (Ève) dans Happy End de Michael Haneke. Les festivaliers chargés de famille ont passé une belle journée, hier. Ils ne sont pas près d’oublier la bonne tête de faux jeton de l’ami Martin, ni sa tirade pour prévenir le docteur Steven Murphy (Colin Farrell) de ce qui l’attend. La scène est une des meilleures du nouveau film du grec Yórgos Lánthimos Mise à mort de cerf sacré. Un thriller d’une noirceur sidérale, dans lequel un chirurgien (Colin Farrell), victime d’une terrible vengeance, doit choisir lequel des membres de sa famille tuer pour sauver les deux autres. Prix du jury 2015 avec The Lobster, fable dystopique et absurde avec (déjà) Colin Farrell et Rachel Weisz, Yórgos Lánthimos est un des nouveaux grands auteurs chéris du Festival depuis sa découverte à Un Certain regard, en 2009, avec Canine, autre fable surréaliste à l’écriture très originale. Il vise cette fois clairement la Palme d’or avec un nouveau conte cruel, en forme de tragédie grecque, dont la mise en scène emprunte presque tout à Stanley Kubrick. Hélas pour lui (et un peu pour nous), on a déjà vu The Shining et un moulon d’histoires de tueries familiales, supposément allégoriques de la culpabilité de classe et de la montée de l’angoisse dans la société occidentale. Avec Mise à mort du cerf sacré Lánthimos n’apporte rien de nouveau, ni sur le fond, ni sur la forme. Mais ce qu’on lui reproche surtout, c’est de s’être offert (ou fait offrir) Nicole Kidman pour en faire de la viande morte (son mari ne lui fait l’amour que si elle reste totalement inerte). Une faute de goût absolument impardonnable.