Var-Matin (La Seyne / Sanary)

PREMIER PLAN

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Une petite fille avec son père dans une voiture qui les mène vers Zombilléni­um : «- Papa, ça existe vraiment les monstres ? - Ah, ah, si ça existe, j’espère au moins qu’ils paient leurs impôts ! » De : Arthur de Pins,Alexis Ducord (France). Genre : animation. Durée : 1 h 20. Sortie : 18 octobre 2017.

Rien ne va plus sur la grande roue de Zombilléni­um. Non seulement le Parc d’attraction­s peuplé de monstres menace de fermer, faute de provoquer encore assez de frissons. Mais en plus, les vampires veulent en confisquer le pouvoir et l’exploitati­on à leur profit, reléguant les prolétaire­s zombies dans la fournaise des enfers. Heureuseme­nt, Hector Sax et ses «cornes Hellboy de super marché », un ancien contrôleur de normes mordu à mort, est là pour sonner la révolte des damnés. Non, ce n’est pas un film des frères Dardenne, mais un bijou d’animation qui mêle virtuosité technique (l’option de la 3D produit tout son effet, sans les lunettes !) et vigoureuse satire de notre société. Moins ultra-speed qu’une production Pixar mais rythmé au poil (de loup-garou), Zombilléni­um n’est pas non plus une thèse, et permet de s’attacher avant tout aux personnage­s, même si ce sont « des monstres ». Avec une belle autodérisi­on, Mat Bastard prête sa voix, son chant et son À l’image d’un vampire ou d’un loupgarou, lui aussi a fait sa mue. Fini Skip the Use, Mat Bastard entame une carrière musicale en solo avec de nouveaux compagnons de tournée. Avant la sortie de son album Loov’(dont le titre More than Friends avec A-Vox) est déjà à l’écoute, il signe toutes les chansons de Zombilléni­um, dans lequel il prête aussi sa voix au squelette Syrius. Après un clip pour Skip (Nameless World), le fruit d’une collaborat­ion aboutie avec le dessinateu­r Arthur de Pins. Interview à Cannes.

On t’avais vu déchaîné en concert au Mas des Escaravati­ers cet été, on te retrouve assagi à Cannes ? Je suis déjà venu au Festival pour des sets, mais pas vraiment pour la fête, si ce n’est des soirées liées à la mode. En réalité, je suis quelqu’un d’assez calme, je n’aime pas trop me montrer.

Le cinéma ? Je regarde surtout des gros films américains, les sagas Star Wars, Le Seigneur des anneaux, Harry Potter, des trucs qui bougent pas mal. Mais j’ai très envie aussi de voir Rodin ou 120 battements par minute.

Le projet Zombilléni­um, une officialis­ation de ta carrière solo ? Arthur aimait beaucoup notre musique, on a fait un clip avec Skip the Use, et ça a tellement bien fonctionné qu’on a décidé de prolonger avec ce fil. Ça fait trois ans que je bosse sur mon projet solo, ça officialis­e surtout mon retour en tournée avec un album qui sort dans deux semaines.

Avec de nouveaux musiciens ? Oui, mais ce sont des mecs avec lesquels allure à Syrius, le squelette rockeur et syndicalis­te. Et l’on s’amuse à trouver des petits airs de Scarlett Johansson à la sorcière bien-aimée et tatouée, diable de fille sur son tapis-skate volant. On reconnaît aussi Pamela Anderson dans une femme-pieuvre ressuscité­e d’Alerte à Malibu. Et l’on se marre à voir Robert Pattinson croqué dans le rôle du méchant Steven, vampire imbu (de luimême), « crétin obsédé par son reflet dans les pupilles de ses fans ». Bourré de clins d’oeil et références tirées du cinéma, de la BD ou des jeux vidéos (X-men, Evil Dead, Batman), Zombilléni­um se permet même de donner une claque irrévérenc­ieuse (mais néanmoins hommage à Michael Jackson) au Thriller. La momie aux bandelette­s a beau maugréer ( «Ah, quand je pense que j’ai été pharaon... »), les morts-vivants sont ressuscité­s avec mordant, pour réjouir petits et grands! Mat Bastard a signé toutes les chansons de Zombilléni­um et prête sa voix au squelette Syrius. Sa nouvelle vie, après Skip the Use...

je fais déjà de la musique depuis 23 ans. Ce n’est pas tant une question de style musicale que de relations humaines, et je continue de faire de la musique pour les mêmes raisons : défendre la fraternité.

L’animation, un univers familier ? Je suis complèteme­nt fan de mangas comme Le Voyage de Chihiro ou Akira. Et puis j’ai une culture du jeu vidéo. Non pas pour passer des heures sur un canapé à jouer, mais pour le processus créatif. L’équipe technique de Zombilléni­um est au top, ce film prouve que les jeunes français ont du talent !

Tes chansons jouent un rôle prépondéra­nt dans le film ? J’ai commencé à composer sans avoir vu une image, et pour certaines, ce sont eux qui ont dessiné en écoutant la

musique. C’est génial de voir sa musique animée, et ça me donne des idées pour ma tournée.

La métaphore du monstre ? Elle est dans une chanson de ma compagne d’A-Vox intitulée Monster. La capacité d’un homme à marcher droit, c’est sa capacité à dompter son monstre intérieur. Il faut savoir se connaître, pour savoir jusqu’où on peut aller. La tragédie de Manchester oblige à se poser des questions... La religion sans la communion des hommes est une catastroph­e. Mais les monstres, ce sont souvent des gens qui nous ressemblen­t intimement, mais il est plus facile de désigner l’autre du doigt que de se remettre en question.

Un monstre qui vous terrorise ? Donald Trump! Un mec en costard cravate avec un sourire ultra brite, c’est souvent le pire.

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