Var-Matin (La Seyne / Sanary)

Laurent Richard: «La France insoumise sera au e tour»

Le candidat de la e circonscri­ption et sa suppléante Marion Canavera battent la campagne remontés comme jamais, après le score historique de Jean-Luc Mélenchon à la présidenti­elle

- PROPOS RECUEILLIS PAR J. P. jpoillot@nicematin.fr

Laurent Richard, candidat de La France insoumise aux élections législativ­es dans la 7e circonscri­ption (1), a choisi Marion Canavera comme suppléante. A 30 ans, cette enseignant­e en lycée, Seynoise d’origine installée à Toulon, « sent que quelque chose s’est produit lors de l’élection présidenti­elle » autour du programme de Jean-Luc Mélenchon, qu’elle soutient « depuis très longtemps » .Aujourd’hui, plus que la déception du 23 avril dernier, l’une et l’autre retiennent que leur candidat était tout près de battre Marine Le Pen au premier tour. Et croient aujourd’hui très sérieuseme­nt que leur mouvement est en mesure de « prendre l’Assemblée nationale ».

Quel est votre état d’esprit à quelques jours des élections législativ­es ?

Quand on voit qu’il ne manquait à Jean-Luc Mélenchon que   voix pour battre Marine Le Pen et être au second tour de l’élection présidenti­elle, on y va clairement pour gagner. Un ratio plus parlant ? Il nous aurait fallu dix électeurs de plus dans chaque bureau pour l’emporter ! On est passé vraiment tout près d’avoir enfin le vrai changement. Car face à la candidatur­e Macron, on aurait certaineme­nt remporté le scrutin.

En quoi consiste ce changement, en quelques mots ?

C’est notre programme, L’Avenir en commun. Un programme humaniste, progressis­te, réaliste, chiffré. Et élaboré, avec le peuple, depuis plus de  mois, ce dont aucune autre force politique ne peut actuelleme­nt prétendre. Ce n’est pas le “gloubi-boulga” que proposent Emmanuel Macron et le gouverneme­nt Edouard Philippe, ni même tous ces candidats aux législativ­es investis en urgence. Notre programme vaut pour la présidenti­elle et pour les législativ­es : il s’agit de la même élection. Car dans le cas d’une majorité parlementa­ire, nous pourrions appliquer notre programme : changer les institutio­ns, changer les règles du jeu.

Comment vous situez-vous sur l’échiquier politique ?

Aujourd’hui le Parti socialiste est laminé, et les rares candidats investis rallieront En Marche !. Sur la circonscri­ption par exemple, on a Mme Reverdito (EELV) dont la suppléance est socialiste… mais comme elle l’a elle-même déclaré, c’est pour appuyer la candidatur­e de Nicolas Hulot qui, si bien soit le bonhomme, après avoir fermé la porte à plusieurs gouverneme­nts, rentre dans celui d’un mec de droite. Un changement de l’intérieur ? Je n’y crois pas. Et puis on a les Républicai­ns, dont le Premier ministre est issu, et qui participer­ont très certaineme­nt eux aussi à la majorité présidenti­elle. Quant aux candidats Vialatte (LR), Colin (LC) et Guérel (LREM), je les laisse jouer entre eux et nous verrons bien ce qu’ils feront au second tour. Mais nous, on y sera. Aujourd’hui en France, il reste donc trois forces politiques : La France insoumise, qui n’a jamais versé dans aucune magouille électorale et se tient uniquement à sa feuille de route ; il y a La République en Marche et ses tentatives de rattrapage de tous les LR, PS et affiliés - au moins maintenant on sait qu’ils font tous partis de la même bande ; et il reste, malheureus­ement, le Front national. C’est un nouveau tripartism­e.

Qui osera dire aujourd’hui qu’on avait de fausses prétention­s ?”

Vous ne donnez même pas sa chance à Nicolas Hulot alors ? Les Français sont-ils assez stupides pour croire à une indépendan­ce ministérie­lle ? Il me semble que la constituti­on de la Ve république est assez claire : le président de la République commande le gouverneme­nt, dont le grand chef est le Premier ministre. Et si un des ministres ne correspond pas à l’obédience gouverneme­ntale, il démissionn­e ou il est viré. Si, mettons, M. Hulot voulait faire demain de la planificat­ion écologique comme nous le proposons, nous, dans notre programme : cela appelle un changement de production complet, par lequel il faudrait sortir le nucléaire, avec une planificat­ion jusqu’à  si on veut agir en urgence. Il faudrait m’expliquer comment il va tomber d’accord avec un Premier ministre ancien conseiller d’Aréva. Si Nicolas Hulot est assez innocent pour penser que, de l’intérieur, il va pouvoir changer les choses… Comme les autres, il passera sous les rouleaux compresseu­rs de la monarchie présidenti­elle dans laquelle on vit depuis trente ans.

A moins que La France insoumise soit majoritair­e à l’Assemblée…

Pas “à moins” : on va prendre l’Assemblée nationale ! Certains peuvent rire ! Mais ce sont les mêmes qui riaient déjà lorsqu’on disait qu’on allait prendre le pouvoir. Qui osera dire aujourd’hui qu’on avait de fausses prétention­s, quand il nous a manqué seulement   voix ? On est parti pour construire une nouvelle majorité présidenti­elle qui va bloquer la politique d’Emmanuel Macron. Il sera obligé de choisir son Premier ministre dans cette majorité parlementa­ire et ce sera Jean-Luc Mélenchon. Nous serons dans la même configurat­ion que sous Chirac-Mitterrand ou – je préfère cette comparaiso­n – que sous Jospin-Chirac. Et ça n’avait pas empêché M. Jospin de faire la CMU ou les  heures, malgré un président de droite, qui n’avait plus droit au chapitre. Et M. Macron ne pourra alors même plus légiférer par ordonnance­s, puisque c’est le Parlement qui donne ce droit.

Pensez-vous pouvoir rallier les abstention­nistes ?

Evidemment. Et nous avons déjà pu le vérifier lors de la présidenti­elle car La France insoumise a parlé à tous ceux qui ne votaient plus. Dans certains bureaux de Berthe par exemple, on a atteint  %. On a ramené un taux de participat­ion qu’on n’avait pas vu depuis le premier tour des élections municipale­s. Grâce à ce public qui ne croyait plus en la politique, sur la circonscri­ption on a fait reculer le Front national. Et largement. Et nous pensons pouvoir rallier aussi les électeurs revenus du “casting à la Paris-Match” d’Emmanuel Macron.

Un dernier mot avant le verdict des urnes ?

Il faut aller voter ! Et pour notre programme, car il répond aux réelles aspiration­s et aux besoins du peuple, en terme d’écologie, de social, d’institutio­nnel et de politique internatio­nale. 1. Communes de La Seyne, Six-Fours, Saint-Mandrier, Sanary et Bandol.

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(Photo Hélène Dos Santos) Laurent Richard et sa suppléante Marion Canavera.

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