Var-Matin (La Seyne / Sanary)

TOP  (DEMI-FINALE, LA ROCHELLE - TOULON : -) Et revoilà Clermont !

Au prix d’un match intense, les expériment­és Toulonnais sont parvenus à se sortir du guêpier des Rochelais, qui découvrent avec amertume les matches couperet. Place à Clermont !

- PAUL MASSABO

L’image est frappante, le contraste saisissant. Au sortir de cette soirée à suspense, en zone mixte, il y a d’un côté le héros de la soirée. Devant une nuée de micros, stylos et caméras, l’intarissab­le Anthony Belleau, encore sur un nuage, reste perché aussi haut que son drop de la gagne. De l’autre côté, Patrice Collazo, seul, ressasse le scénario catastroph­e vécu par ses hommes. Peutêtre réalise-t-il davantage qu’un match se gagne uniquement sur le terrain, et non pas en traficotan­t une feuille de match à la compositio­n exotique ? Alors certes, la réussite (à ce niveau, il n’est pas question de chance) a choisi son camp, celui des expériment­és Varois. Le succès aurait pu tout aussi bien sourire aux Rochelais annoncés plus frais. Et bien, non ! Ils ont fini sur le toit, terrassés par des crampes (James, Vito, Retière…), les quatre fers en l’air après avoir compensé leur infériorit­é numérique (51e) par une folle débauche d’énergie. Quant à leurs adversaire­s, ils n’étaient guère mieux lotis. Les Toulonnais ont terminé à bout de souffle. Mais la victoire aidant, le souffle est toujours moins court.

Et Halfpenny ?

D’ailleurs, sans le coup de marteau d’un Belleau audacieux du début à la fin (et quelle fin !), on voyait mal les Rochelais tenir encore vingt minutes lors d’une prolongati­on entrevue. La dynamique des Toulonnais est impression­nante depuis début avril. Larges d’épaules et inébranlab­les dans leur tête, Vermeulen et ses coéquipier­s ont fait preuve d’un esprit de corps une nouvelle fois remarquabl­e. Malmenés par moments, Kruger, encore précieux, et ses hommes d’équipage, sans jamais se prendre pour des albatros, se sont montrés géants dans la maîtrise et par leur sang-froid. Relégués à neuf points après avoir constammen­t fait la course derrière, les partenaire­s de Bastareaud ont su refaire leur handicap. Patiemment, proprement, chirurgica­lement. Ils ont su revenir grâce à la botte d’Halfpenny, le trop fameux Lions britanniqu­e (il est parti hier et ratera bien la finale!), pénalité après pénalité. Le Stade Rochelais menait encore les débats, et aurait pu reprendre l’avantage sur deux pénalités lointaines. Holmes, remplaçant au pied d’un Brock James sur les rotules, n’avait rien de « Sherlock », sur deux tentatives trop lointaines. Elles auraient pourtant pu être décisives.

Seule la victoire est jolie

Mais comme le reconnaiss­ait avec une rafraîchis­sante lucidité Xavier Garbajosa, le discret entraîneur des trois-quarts jaune et noir, c’est lors de la dernière demi-heure que ses hommes ont perdu pied, en même temps que la tête. Au moment de gérer, ils se sont affolés en oubliant le cadre de jeu et certains principes de base. En faisant les choses à moitié ou deux choses à la fois, ils se sont tiré autant de balles dans les pieds. C’était d’autant plus criant que les Toulonnais, avec leur tempéramen­t de feu et leur moral d’acier, ne lâchaient rien, surtout pas leur proie aux abois malgré quelques derniers soubresaut­s et autres velléités. Les pisse-vinaigre, rarement amateurs de bons vins, pourront longtemps disserter sur le mérite en scrutant la bouteille à moitié vide. La Rochelle, qui a mené le bal quasiment toute la saison en caracolant en tête de ce Top 14, paie ses musiciens au prix fort ; celui de l’éliminatio­n. Comme le RCT par le passé, Collazo et ses protégés sont, après l’apprentiss­age du haut niveau, dans celui des phases finales. Ils devront y rester pour prétendre viser plus haut. Toulon, avant de connaître tous ses titres de gloire, a vécu (faut-il le rappeler ?) à quatre reprises des revers cinglants en finale. Après une année chaotique, avec sa valse d’entraîneur­s, le RCT est encore une fois présent en finale. Mérité ou pas ? Qu’importe, il n’a rien volé. Après deux ou trois jours de salutaire récupérati­on, Toulon va repartir au combat. Le dernier. Certaineme­nt le plus dur. Face à son meilleur ennemi, Clermont. Le Brennus n’en serait alors que plus beau…

Rendons à Garba...

Une erreur s’est glissée hier dans notre interview de Mourad Boudjellal. Ce dernier, en vérité peu enclin vendredi à féliciter Patrice Collazo, faisait évidemment l’éloge de son adjoint Xavier Garbajosa, et non celle de Collazo, quand il évoquait « quelqu’un dont on ne parle jamais, d’une humilité et d’une discrétion absolue, et qui a changé le jeu de La Rochelle grâce à un boulot exceptionn­el... » Dont acte.

Nakosi reste à Agen

Auteur d’une très bonne demi-finale de pro D, Nakosi, le frère de Josua Tuisova, pressenti pour rejoindre le RCT cet été, va finalement rester dans le Lot et Garonne. Échange de bons procédés, Anthony Belleau, qui devait faire le chemin inverse, restera à Toulon.

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(Photo Dominique Leriche/Luc Boutria) Mathieu Bastareaud et ses copains ont su parfaiteme­nt contenir la puissance des Rochelais et même inverser la pression...

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