TOP (DEMI-FINALE, LA ROCHELLE - TOULON : -) Coeur chaud et tête froide
Véritable héros de cette demi-finale, le jeune Anthony Belleau savoure son bonheur. Mais ne veut surtout pas s’y attarder : « Le plus dur reste à faire... »
Ce matin comme hier, il ne va rien lire, rien regarder. Juste s’enfermer dans sa bulle pour savourer encore un peu avant de se projeter... Car il sait qu’il n’a encore rien gagné, rien prouvé sur la durée. Mais depuis ce vendredi soir et ce drop merveilleux qui a ponctué une prestation de qualité et donné la victoire au RCT, Anthony Belleau est déjà sorti de l’ombre et de l’anonymat. Du haut de ses 21 ans, le jeune demi d’ouverture toulonnais impressionne par son calme et sa maturité.
« Je n’avais rien à perdre »
Comme il a déclenché ce drop sans se poser de questions sous la pression, il ne cille sous les feux des micros et des projecteurs : « À mon âge, on pourrait être tenté de profiter à fond, d’écouter tout ce qui se dit, tout ce qui est bien, mais ça peut aller très vite dans l’autre sens. Je vais rester tranquille, calme et je vais me projeter sur le match de la semaine prochaine », expliquait-il simplement après-coup. Applaudi par ses coéquipiers, encensé par Richard Cockerill, et déjà assailli de coups de téléphone, Belleau, trois titularisations aujourd’hui, apprend le haut niveau en accéléré. « Pour mes débuts, en octobre déjà face à La Rochelle, je m’étais mis beaucoup de pression. J’étais sorti à la mi-temps. J’avais fait une prestation un peu catastrophique, explique l’ouvreur. Ça m’a servi de leçon. Je l’avais dans un coin de la tête, mais il ne fallait pas que ce sentiment prenne le dessus sur l’enjeu du match. Je ne devais pas penser à moi. Même si, c’est vrai, j’avais à coeur de me racheter. Vu notre saison, il y avait beaucoup d’émotion avant-match, mais une fois que le coup d’envoi est donné, c’est un match de rugby. Il faut jouer, et voilà... » Aussi simplement que ça, le minot a su apprivoiser cette demi-finale et même s’y illustrer au-delà des espoirs les plus fous.
Les conseils de Jonny
Mais il ne risque pas de tirer la couverture à lui : « À mon âge, se retrouver titulaire en demi-finale, je n’avais rien à perdre. J’ai surtout été très bien encadré par tous les anciens qui ont déjà gagné des titres. Je les remercie. Ça m’a énormément servi pendant le match. » Tout à son bonheur contenu, Anthony évoque aussi le travail passé qui, sur ce coup, a payé : « J’essaie toujours de rester sérieux. On ne sait jamais... Quand j’ai appris ma titularisation, ça m’a fait énormément plaisir. On s’entraîne pour ça, pour essayer de jouer le plus possible. Le contexte a fait que j’ai pris ce drop à la fin. Mais le plus dur va arriver. J’en ai mis un ce soir (vendredi, Ndlr). Je souhaite en mettre d’autres, mais bon... Je m’entraîne avec Jonny et je suis ses conseils. C’est sur des moments comme ça que ça peut payer… » Pour autant, il a encore du mal à réaliser que sa vie va peut-être basculer sur cette qualification inespérée et ce coup de pied magistral. Car il paraît évident aujourd’hui que Mourad Boudjellal ne le prêtera pas l’an prochain à Agen. Sur ce sujet aussi, Anthony Belleau ne veut rien savoir : « Je n’en ai pas discuté avec lui. Aujourd’hui, le plus important est de profiter de ce moment et de me projeter sur la finale. On verra après ce qu’il se passera… ».A priori, c’est tout vu.