De Brooklyn à Toulon, le supermarché coopératif avance
Inspirée par un modèle new-yorkais, l’association La Coop de mer travaille à la création d’un commerce d’un nouveau genre. Elle vient de recevoir l’appui de celui qui a décliné l’idée à Paris
Majoritairement bio, moins cher, convivial, profitable... et réel. Pour bien montrer que le projet de supermarché coopératif porté par l’association La Coop de mer n’a rien d’une utopie de bobo en bad-trip à cause d’un quinoa avarié, Tom Boothe ne compte pas ses efforts. Réalisateur et responsable d’un projet de ce type à Paris (“La Louve”), il est venu sur la rade présenter un documentaire sur le sujet jeudi soir et a enchaîné les réunions de travail hier. Objectif: prêter main-forte à l’équipe montée autour de Dominique Tardy, présidente de l’association toulonnaise. Elle veut décliner le concept sous le soleil du Var. « Oui, ça marche » sourit Tom Boothe. « À Brooklyn, le Park Slope Food Coop sur lequel j’ai réalisé mon documentaire, existe depuis les années 70 et compte 17 000 membres. Le principe, c’est qu’on peut venir y faire ses courses contre une adhésion annuelle et l’engagement d’y travailler trois heures par mois. » En échange, les New-Yorkais bénéficient de l’accès à un magasin qui fait rougir les supermarchés traditionnels. « Le chiffre d’affaires par mètre carré y est dix fois plus important que dans les supermarchés traditionnels et l’ensemble de l’inventaire est vendu 80 fois par an, ce qui est nettement plus important ». Outre l’aspect purement économique, le Park Slope Food Coop a des effets sociologiques inattendus. « Dans les membres, il y a des personnes en difficulté économiques et des multimillionnaires. Ils se retrouvent à travailler ensemble sur un projet commun. Selon un chercheur, c’est l’univers où la mixité sociale est la plus importante au monde. » Enfin, il y a le sentiment d’avoir une relation responsable à son alimentation. Alors à quand une structure de ce type à Toulon ? «Si tout va bien, sans doute d’ici trois ans » avance prudente Dominique Tardy. « Nous avons lancé l’idée au début de l’année. Nous étions 3 dans l’association. Nous sommes maintenant 150... mais il faut être 1 500 pour que le projet puisse aboutir. » D’ici là, La Coop de mer veut avancer par étapes et faire parler d’elle pour séduire. « Ça fait deux ans que j’étudie comment marche ce modèle, avoue Dominique Tardy. On va d’abord monter un groupement d’achat, puis, sans doute d’ici la fin de l’année une petite épicerie. » Une montée en puissance par paliers encouragée par Tom Boothe. « Les gens ont besoin de voir du concret pour s’engager » En parlant de concret, l’association lance un appel aux collectivités locales pour trouver un lieu afin de s’implanter et de lancer l’aventure.