Var-Matin (La Seyne / Sanary)

Fin de vie: les médecins pourront décider de l’arrêt des traitement­s

- THIERRY PRUDHON

Saisie par une associatio­n, le Conseil constituti­onnel a estimé que la décision revenait au médecin pour les patients hors d’état d’exprimer leur volonté mais apporte des garanties aux proches pour pouvoir faire un recours en urgence contre cette décision médicale. Dans son premier jugement sur la fin de vie, rendu publique hier, le Conseil précise que la décision du médecin d’arrêter ou de limiter les traitement­s de maintien en vie doit être « notifiée aux personnes » qu’il a interrogée­s sur la volonté du patient « dans des conditions leur permettant d’exercer un recours en temps utile ». « Ce recours doit par ailleurs pouvoir être examiné dans les meilleurs délais par la juridictio­n compétente aux fins d’obtenir la suspension éventuelle de la décision contestée », ajoute-t-il dans sa décision, prise alors que les affaires Vincent Lambert et de la petite Marwa montrent combien la fin de vie reste un dossier brûlant. Les Sages avaient été saisis par l’Union nationale des associatio­ns de familles de traumatisé­s crâniens et de cérébro-lésés (UNAFTC) déplorant que la décision de poursuivre ou non des traitement­s dépende des seuls médecins lorsque le patient est incapable de s’exprimer en raison de son état (coma, état végétatif ou pauci-relationne­l), dès lors qu’il n’a pas laissé de directive anticipée. Selon elle, dans toutes les situations où la volonté du patient ne peut être reconstitu­ée avec certitude, « le doute devrait profiter au droit fondamenta­l à la vie ». L’associatio­n, qui réclamé que l’avis des proches soit davantage intégré dans la décision d’arrêt des traitement­s, avait déposé une question prioritair­e de constituti­onnalité (QPC) sur cette dispositio­n de la loi ClaeysLeon­etti sur la fin de vie, votée début 2016.

Recours « effectif »

L’’UNAFTC contestait en particulie­r un décret d’applicatio­n de la loi sur la fin de vie, qui, dans l’optique d’éviter l’acharnemen­t thérapeuti­que, autorise l’arrêt des traitement­s à l’issue d’une procédure collégiale laissant le médecin en charge du patient de prendre la décision. Ce décret du 3 août 2016, rédigé par le gouverneme­nt, stipule que le médecin décide après concertati­on avec l’équipe soignante et après avoir pris l’avis d’au moins un médecin consultant sans rapport hiérarchiq­ue avec lui. La personne de confiance consultée, ou, à défaut, la famille ou l’un des proches peuvent pour leur part rapporter la volonté du patient. Au final, le médecin reste le seul décisionna­ire, sa décision, étant soumise le cas échéant, au contrôle des juges, rappelle le Conseil.

Le cas de la petite Marwa

En cas de désaccord avec les médecins, les proches pouvaient déjà saisir le juge des référés, comme l’a illustré le cas de Marwa. Le sort de cette petite fille lourdement handicapée d’un an et demi divisait famille et corps médical de l’hôpital de la Timone à Marseille. Le Conseil d’État saisi en appel et en urgence avait ordonné en mars la poursuite des traitement­s de l’enfant, donnant raison aux parents contre l’avis des médecins, confirmant ainsi le jugement d’un tribunal administra­tif. Le Conseil constituti­onnel souligne que le recours juridique doit être « effectif », c’està-dire qu’il puisse s’exercer en urgence et dans de bonnes conditions, grâce en pratique à l’informatio­n des proches et à la célérité du juge saisi d’un recours qui doit pouvoir suspendre la décision médicale très rapidement. Cependant sur le sort de Vincent Lambert, jeune homme tétraplégi­que plongé dans un état végétatif sans espoir d’améliorati­on, après un accident de la route en 2008, la famille se déchire depuis quatre ans, le Conseil d’État puis la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH) ont validé l’arrêt de ses traitement­s, qui n’est toujours pas mis en oeuvre. Bruno North, président du CNIP, le Centre national des indépendan­ts et paysans, a jugé nécessaire de repréciser les positions de son parti. Cette interventi­on a fait suite à plusieurs démissions intervenue­s, jeudi, dans les AlpesMarit­imes, dont celle du viceprésid­ent du CNIP 06, JeanPaul David. Personnali­té locale très proche de Christian Estrosi, ce dernier a rué dans les brancards, reprochant au CNIP de «neplus s’inscrire dans l’axe républicai­n » en fricotant avec le Front national. En cause, la présence de Bruno North à un meeting de Marine Le Pen, le soutien du CNIP aux législativ­es à Olivier Bettati, candidat divers droite appuyé par le FN et celui, strictemen­t personnel, de l’ancien président du CNIP 06, Daniel Philippot, au frontiste Philippe Vardon. «Je regrette le départ de M. David, a indiqué Bruno North. Mais je ne peux pas accepter les amalgames scandaleux. Le CNIP n’a pas dévié d’un poil de ses valeurs. Il n’y a aucun ralliement aux thèses du FN, on ne change pas de logiciel. » Et le président du CNIP d’exposer que son parti défend les valeurs de la droite, «sans excès ni outrances, à travers trois axes forts: l’autorité de l’Etat, la défense de l’identité française et la restaurati­on de la liberté économique ». « Le FN est un adversaire, ajoute-t-il. Aller une fois au meeting de quelqu’un ne signifie pas qu’on va se marier. » Pour autant, il indique aussi que pour le CNIP, «la gauche et la droite ne se confondent pas », refusant « la confusion de gens qui se disent de droite et vont à gauche ». Quant aux soutiens ambigus et troublants apportés à Olivier Bettati ou… à la femme de Robert Ménard (l’un de ses amis) à Béziers, Bruno North les justifie par le choix «de personnali­tés plus que d’étiquettes. De la même façon, nous soutenons aussi le chef de file de l’UDI dans l’Hérault ou Henri Guaino sur Paris…»

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(Photo T. P.) Bruno North.

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