Var-Matin (La Seyne / Sanary)

Solitude

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Si je gagnais au Loto, je ne saurais même pas quoi faire de l’argent”

», éclaire-t-il, plein de poésie. Puis il y a ce voisin qui «passe toutes les trois semaines voir si je suis encore là.» Sinon, il lui arrive de ne pas parler « pendant plusieurs jours » . Il ne veut pas de chien, ni de chat. « C’est trop d’obligation­s et ça coûte trop cher », se défend-il. Michel regrette qu’en France, les personnes seules ne sont, selon lui, pas assez accompagné­es. «En Espagne ou en Italie, croit-il savoir, on prend plus soin des personnes âgées, on ne les met pas en maison de retraite ». Et de s’en prendre à la Sécurité sociale : « Pour eux, c’est comme si on n’existait pas », peste-t-il. Un grand événement est arrivé dans sa vie. C’était il y a tout juste un an. Michel a investi dans un ordinateur. Il a découvert Google Earth qui lui permet de voyager un peu. « Pas plus tard qu’hier, je regardais où se trouvaient le Brésil et Madagascar… Ça me plaît bien. C’est la seule manière que j’ai trouvée pour voyager. »

Sentiment de honte

Il s’est aussi inscrit sur Facebook. Ses amis, il les compte sur les doigts de quatre mains. «Je dois en avoir 17 ou peut-être 18 », calculet-il, avec un certain souci de précision. Et encore, « ce ne sont que des amis virtuels avec qui je ne communique pas. Il s’agit plus de copains d’enfance retrouvés 50 ans plus tard juste par curiosité ». Dès qu’il geeke un peu trop longtemps, ça l’ennuie vite. tranche-t-il en écrasant sa cigarette. Ce qui lui manque ? « Avoir un planning, faire des choses. Mais surtout un peu de contact, un coup de fil de temps en temps. Que quelque chose bouge…» Tous ces maux qui le rongent, il n’en fait part à personne. « Je n’aime pas qu’on ne me voie pas bien » , résume-t-il. Pour lui, la solitude est bien plus qu’une simple souffrance, c’est aussi «une honte » qu’il cherche à dissimuler. Après plus d’une heure de discussion, Michel nous raccompagn­e, «heureux d’avoir enfin vu du monde ». La discussion s’éternise sur le pas de la porte. Il ne veut plus nous lâcher. Et nous fait remarquer, au passage, l’autocollan­t qu’il a collé sur la porte d’entrée de son appartemen­t : l’image d’un chien méchant peu accueillan­t. Il nous livre même cette dernière anecdote qui le fait beaucoup rire : « Pendant Halloween, raconte-t-il fier de lui, tous les gamins venaient frapper chez moi pour réclamer leurs bonbons. Alors je restais discrèteme­nt derrière la porte en grognant comme le chien. Grrrrrrhhh­hh. Ca marchait très bien. Depuis, ils n’osent plus revenir ! »

J’aime pas qu’on ne me voie pas bien”

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Cela fait des années que son téléphone ne sonne plus. Et lorsqu’il s’agit de prospecteu­rs, il raccroche aussitôt.

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