: le pont d’Agay menace de s’effondrer
En 1900, l’une des routes les plus touristiques de notre région, la « Corniche d’or », n’existait pas. Cet itinéraire du bord de mer, entre Fréjus et Cannes, ne serait ouvert qu’en 1903, à l’instigation du Touring Club de France. Les touristes ne fréquentaient qu’en train cette portion rocheuse de côte méditerranéenne. Le chemin de fer, de Toulon à Nice, avait été construit en 1860, à la suite du rattachement du comté de Nice à la France, et avait nécessité des travaux considérables : creusement de tunnels et constructions de ponts et viaducs dans ce paysage impressionnant de rochers rouges qui font toujours l’éblouissement des touristes. Or, voilà qu’à la fin de l’année 1900, le pont d’Agay donne de sérieux signes de faiblesse. La liaison entre Paris et la Côte d’Azur menace d’être interrompue. C’est inenvisageable ! Toute autre défaillance de pont en France serait passée inaperçue.
Une importance nationale et même internationale
Mais, celle du pont d’Agay, vu le nombre de voyageurs et de trains de luxe venant de Paris qui empruntent la voie ferrée, a une importance nationale et même internationale. Aussi, le magazine L’Illustration de Paris consacre-t-il un article à cette information, dans son numéro du 29 décembre 1900 : « Les culées du pont d’Agay, affouillées par les grosses eaux d’automne, ont subi un tassement tel que le pont, après le passage du train de luxe de Nice, qui le franchit en pleine vitesse, a donné des signes indéniables de fléchissement. La circulation de ce pont étant, en pleine saison, d’environ quatrevingts trains par jour, la nécessité d’agir vite s’imposait. La compagnie Paris-Lyon-Méditerranée (NDLR : compagnie gérant les chemins de fer dans la vallée du Rhône et sur la Côte d’Azur à l’époque) a eu recours au génie militaire, qui va bientôt lancer un pont de fortune destiné à assurer la circulation pendant que les ingénieurs de la Compagnie et ceux de l’État feront exécuter les travaux nécessaires pour rendre l’ancien pont à la circulation normale ». Le reportage de L’Illustration montre deux pittoresques photographies mais de mauvaises qualité, que nous reproduisons ici. La première évoque l’installation provisoire d’un pont métallique. La seconde présente l’étrange spectacle des voyageurs qui le traversent à pied, en longeant la voie de chemin de fer.
Une traversée du pont en roue libre
La Compagnie P.-L.-M. a prévu une curieuse organisation pour faire traverser au train le pont défaillant : « Les machines ellesmêmes ne traversent pas le pont. Le train arrive à Agay, les voyageurs doivent descendre et la locomotive se gare sur une voie construite ad hoc, une seconde machine prend le train en queue et lui imprime un élan suffisant pour qu’il puisse franchir seul le pont. Audelà, une nouvelle machine se chargera de le conduire à destination ». Le train traverse donc le pont en roue libre, de son seul élan, sans le poids de la locomotive, ni celui des voyageurs. Commentaire du journaliste de L’Illustration :« Cette manoeuvre, toute de prudence, paraît compliquée, mais en réalité est assez simple et n’a rien pour effrayer les voyageurs ». Bien sûr, il y a deux circonstances dans lesquelles le transbordement est plus délicat : la pluie et la nuit. Pour ce qui est de la pluie, on a beau être en hiver, le risque d’intempérie sur la Côte d’Azur doit faire sourire les lecteurs parisiens de L’Illustration. Quant au voyage de nuit, le journaliste constate en effet qu’ « il est désagréable », mais il faut faire contre mauvaise fortune bon coeur. La Compagnie P.-L.-M, qui a pensé à tout, a quand même essayé d’épargner au maximum les désagréments à ses clients : « Pour les malades, la Compagnie a eu soin de mobiliser des fauteuils à porteurs et les équipes nécessaires à leur service ». L’article s’achève sur l’affirmation optimiste que la « circulation normale va être promptement rétablie ». On ne sait au bout de combien de temps ce fut le cas. De toute évidence, en cette toute fin d’année 1900, L’Illustration cherchait à rassurer les touristes.
Grasse : Ivan Bounine, un Nobel de la littérature
L’exposition « Dans les yeux d’Ivan Bounine », réalisée par Olga Boldyreff, diplômée des Beaux-Arts et spécialiste de l’art russe, propose un voyage poétique dans les paysages russes et français d’Ivan Bounine (-). Premier écrivain russe à obtenir le prix Nobel de littérature en , Ivan Bounine a séjourné à Grasse pendant ans. C’est là qu’il a écrit ce qu’il considérait comme sa plus belle oeuvre, Les Allées sombres, recueil de nouvelles. Il a laissé de nombreux dessins, peintures, livres et documents se référant à la ville. L’exposition s’inscrit dans le cadre du projet culturel francorusse « Ivan Bounine à Grasse », mené par l’association « La Renaissance française en Russie ». ◗ Jusqu’au 30 septembre, les mardis, mercredis et vendredis de13h30à18h;lesamedide9h à 12h30 et de 13h30 à 18 h. Villa Saint-Hilaire, impasse E. BoursierMougenot à Grasse (06). Tél : 04.97.05.58.53. Entrée libre et gratuite.
Le Cannet : Bonnard/Vuillard, la collection Zeïneb & Jean-Pierre Marcie-Rivière
Le musée Bonnard célèbre les ans de la naissance du peintre Pierre Bonnard, en accueillant l’exposition Bonnard/Vuillard. Elle regroupe les chefsd’oeuvre de la collection Zeïneb & Jean-Pierre Marcie-Rivière, philanthropes et grands collectionneurs d’art des XIXe et XXe siècles. Construite avec une admirable cohérence esthétique pendant près de ans, elle témoigne de l’étroite complicité artistique des deux peintres durant leurs années « nabies », mouvement postimpressionniste d’avantgarde et de style japonisant. Ces oeuvres, très peu connues du public, mettent en lumière les liens étroits unissant les deux artistes. ◗ Jusqu’au 17 septembre, tous les jours, sauf lundi, de 10 à 20 h. Nocturne le jeudi jusqu’à 21 h. Musée Bonnard, 16 bd Sadi-Carnot, Le Cannet (06). Plein tarif : 7€, réduit : 5€. Tél : 04.93.94.06.06. Site internet : www.museebonnard.fr