Revers judiciaire pour la plus grande centrale biomasse de France à Gardanne
La justice a tranché. Elle s’est opposée à la mise en service de la plus grande centrale biomasse de France, à Gardanne (Bouches-du-Rhône). Un projet pourtant présenté comme écologique. Le tribunal administratif de Marseille a ainsi annulé, mercredi, l’autorisation délivrée par l’État en novembre 2012 pour exploiter cette centrale, qui a d’ailleurs déjà commencé, à titre de test, à produire de l’électricité. L’étude d’impact préalable sur l’environnement a été considérée insuffisante, ce qui aurait « eu pour effet de nuire à l’information complète de la population », selon les juges.
salariés pour l’unité biomasse
Rappelons que le site, une ancienne centrale à charbon dont une unité a été reconvertie au terme d’un intense conflit social, est exploité par le groupe allemand Uniper, et emploie 180 salariés, dont 70 à 80 pour l’unité biomasse. Cette centrale, la plus importante de son genre en France, est un projet qui a même été soutenu par l’État dans le cadre du « Grenelle de l’environnement » : l’énergie produite, renouvelable, devait à terme représenter 6 % de la production d’électricité de la région Paca. Mais le gigantisme de la centrale, calibrée pour brûler 850 000 tonnes de bois par an - pour moitié des déchets, pour moitié du bois issu de coupes forestières est dénoncé par ses détracteurs : pour l’alimenter, il faudrait prélever 35 % du gisement forestier disponible dans un rayon de 250 kilomètres. Deux parcs naturels régionaux, celui du Lubéron et du Verdon, plusieurs communes des Alpes-de-HauteProvence et des associations, dont France Nature Environnement (FNE) avaient attaqué en justice.
Pour Uniper, une décision « très pénalisante » Les juges reprochent au groupe de n’avoir étudié l’impact du projet que dans un périmètre de trois kilomètres, alors que la centrale prévoit de brûler du bois coupé dans un rayon de plusieurs centaines de kilomètres. Ils jugent également que les dégâts sur l’environnement des camions qui alimenteront la centrale en bois et la pollution atmosphérique (particules fines, dioxines, CO2) n’ont pas été correctement pris en compte. Le préfet de la région Paca a néanmoins délivré hier une autorisation provisoire d’exploitation. L’entreprise, elle, annonce son intention de faire appel de cette décision « très pénalisante pour un acteur résolument engagé dans la transition énergétique et pour un projet innovant, structurant pour la filière forêt-bois et créateur d’emplois. » Un thème cher aussi au président de la Région Paca Renaud Muselier (LR), pour qui « ce sont plus de 400 emplois à terme sur notre territoire qui sont menacés ». Au total, 250 millions d’euros ont été investis pour la reconversion à la biomasse d’une tranche de la centrale, qui génère 80 emplois directs selon son exploitant, et a commencé à brûler, faute de ressources locales suffisantes, du bois importé d’Amérique du Sud.