Var-Matin (La Seyne / Sanary)

Assises :  ans au meurtrier sans mobile de Bormes

On ne saura pas pourquoi Olivier Mezailles a massacré son voisin de chambre au foyer Adoma en 2014, avec une sauvagerie qui a conduit l’avocat général à requérir trente ans de réclusion

- G. D.

Olivier Mezailles, un homme de 39 ans, qui menait une existence semi-marginale au foyer Adoma de Bormes-les-Mimosas, a été condamné hier à vingt ans de réclusion par la cour d’assises du Var (lire notre précédente édition) .Il avait toujours reconnu avoir tué son voisin de foyer, Stanislas Camsat, dans la nuit du 5 au 6 mai 2014, à coups répétés de barre de fer et de bêche sur la tête. En revanche, il n’a jamais pu être en mesure de donner la moindre explicatio­n à ce déchaîneme­nt de violence.

Une victime triste mais inoffensiv­e

Ce deuxième jour de procès a permis d’évoquer la personnali­té de Stanislas Camsat, qui a trouvé à 46 ans une mort horrible. Il était arrivé au foyer en 2010, quand il n’avait pu reprendre le bail de sa mère après son décès. Il y était connu comme un homme calme et discret, qui buvait beaucoup de vin rouge, mais n’avait jamais causé de souci à quiconque. Sa soeur a dit aux jurés que ce qu’elle attendait de ce procès, c’était que l’accusé « ne nuise plus à d’autres familles ». « Les pertes de son travail, de sa mère et de son logement ont réveillé une difficulté avec l’alcool, a plaidé Me Olivier Ferri. Il buvait seul, il était triste, mais il ne faisait de mal à personne. » Compte tenu des aveux rapides d’Olivier Mezailles, sa culpabilit­é ne faisait pas de doute pour l’avocat général Dominique Mircovic. Restait à choisir une peine, le maximum prévu étant de trente ans. C’est là qu’entrait en ligne de compte la personnali­té de l’accusé, notamment à travers le fait qu’il n’avait pas tout dit, «par volonté consciente ou non », ce que l’expert psychiatre avait qualifié de «minimisati­on consciente ». L’avocat général a mis en relief «un acte d’une violence extrême, une avalanche de coups portés comme pour fendre une bûche, avec la partie tranchante de la bêche, pour faire taire définitive­ment la victime ». Faute d’explicatio­n rationnell­e de l’accusé sur sa motivation, M. Mircovic en a conclu que c’était sa personnali­té qui l’avait conduit à ces actes : « Une tendance à la paranoïa, qui le conduit à considérer que tout le monde lui en veut.» C’est au titre de cette dangerosit­é qu’il a requis trente ans de réclusion.

Au bénéfice de ses aveux

Pour Me Anne-Cécile Langlet en défense, tout était parti de l’insécurité que ressentait Olivier Mezailles dans ce foyer, où il « se sentait comme le mouton noir et n’avait pas la carrure pour s’imposer». Dans ce contexte, l’interventi­on du voisin du dessous, pour faire cesser le bruit, avait pu être l’élément déclencheu­r d’une bagarre, dont l’accusé avait dit “c’était lui ou moi ”. Également dans cette cause, Me Jean-Michel Garry estimait qu’on ne pouvait « faire grief à l’accusé de nous raconter une version utilitaire. Depuis le départ, il expose des choses terribles». Sur la dangerosit­é d’Olivier Mezailles, il a regretté qu’il n’ait pas été ordonné d’expertise psychologi­que, « qui aurait peut-être permis d’y voir plus clair ». «Malgré l’horreur de ce qui s’est passé, il collabore depuis le premier jour, pour essayer de donner des explicatio­ns à ce qui est pour lui un vrai trou noir. Il assume, et il veut une peine juste. » La justice est passée, mais le mobile de ce crime restera un mystère.

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(Croquis d’audience Rémi Kerfridin) Pour la défense d’Olivier Mezailles, Me Anne-Cécile Langlet a plaidé sur le contexte du drame.

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