Finalement, Nicole Boizis restera maire
Forte « des nombreux témoignages de soutien reçus » après le conseil municipal houleux qu’elle a quitté, exaspérée, lundi soir, Nicole Boizis est revenue hier sur sa décision de démissionner
Au lendemain d’un conseil municipal pour le moins agité, qu’elle a quitté excédée avant la fin en annonçant qu’elle démissionnait (notre édition d’hier) et en laissant les élus en plan, la maire Nicole Boizis est semble-t-il revenue à la raison. « J’ai de nouveau reçu le soutien du préfet du Var qui m’a demandé de revenir sur ma décision, comme au moins une vingtaine de personnes qui sont venues dans mon bureau, après la séance, a-telle confié hier matin en annonçant qu’elle restait en fonction. Et de préciser : «Je vais maintenant prendre les mesures qui s’imposent, dans la plus grande légalité ».
Remise en ordre dans la majorité ?
Est-ce à dire que la maire entend remettre de l’ordre au sein de sa majorité municipale dont certains élus l’ont désavouée sur une délibération et fait sortir de ses gonds sur une seconde ? L’avenir le dira… L’acte I s’est joué dans les premières minutes de la séance, lundi soir, alors que le conseil était invité à voter la vente d’un terrain municipal de 5 007 m2 au Brûlat, chemin des Faremberts, pour la somme de 255 000 € (estimation des Domaines) à la société HLM le Logis familial varois. Et ce pour la réalisation de 30 logements sociaux. Florent Cadenel (maj. municipale) est monté au créneau : « C’est la remise en route du projet des Faremberts, je suis contre!» a-t-il dénoncé en substance. Une allusion au projet de construction de 120 logements du “Domaine des Sarments”, à l’entrée du chemin des Faremberts, contre lequel l’association “Bien vivre au Castellet ”, dont plusieurs adhérents étaient présents dans le public (tandis que d’autres avaient même déployé une banderole à l’extérieur), a déposé un recours contentieux devant le tribunal administratif de Toulon. Réponse irritée du maire : « Mais tu l’avais voté ce programme ! Maintenant tu es contre ? » Sophie Long, 3e adjointe, a pris le relais de la contestation : « La commune va encaisser 255 000€, mais l’acheteur sera exonéré de la part communale de la taxe d’habitation, il y a aussi les raccordements aux réseaux à charge de la commune. Donc en caisse, nous n’aurons jamais 255 0000€ …»
Quinze voix contre !
«Il y a huit jours tout le monde était d’accord ! », s’est emporté le premier adjoint Jean-Paul Hussier. « Je ne comprends pas pourquoi quand Gabriel Tambon (NDLR l’ancien maire) a signé ce projet en 2015, personne ne s’y est opposé!» a renchéri Nicole Boizis. Pour l’opposition, René Castell a fait le lien avec le projet immobilier de la Zac du Plan dont à l’époque il avait dénoncé « l’énormité », pour annoncer l’intention de son groupe de voter contre. Le vote qui a suivi, dans la cacophonie, a rejeté la délibération par 15 voix contre, dont celles de Dominique Blanc, conseillère municipale déléguée à l’urbanisme qui présentait la délibération de Sophie Long et de Florent Cadenel. Ambiance… Le deuxième acte s’est noué en fin de conseil, à propos d’une délibération anodine en apparence portant sur la création, sur un chemin rural, d’une servitude au profit de la société Parc solaire du Castellet II. Et ce dans le cadre d’un projet de construction d’un parc solaire.
Le domaine de la Bergerie…
Dominique Blanc, qui présentait cette délibération a émis le souhait de la reporter. L’élue a argumenté en faveur du domaine liquidé de La Bergerie (bientôt repris) qui pourrait bénéficier de l’énergie photovoltaïque produite par ce parc, en demandant du temps. Ce qui a fait bondir Nicole Boizis pour qui le dossier de sauvegarde de La Bergerie est presque une affaire personnelle : « Votons la création de cette servitude et après nous verrons pour la suite ! Enfin il faut savoir ce que l’on veut ! » Au terme d’échanges houleux et brouillons, la maire exaspérée a fini par lancer : « Mon opposition est dans la majorité, c’est difficile… » et a fini par reporter la délibération.
“Je m’en vais, merci”
Un nouveau débat s’est ouvert entre les tenants de ce report et les contre, avant que Nicole Boizis, visiblement éprouvée, ne fasse part de son envie de démissionner. « J’avais déjà donné ma démission en décembre au préfet qui l’a refusée en mettant en avant la qualité de mon travail », a-t-elle confié, avant de rappeler son long investissement désintéressé au service du Castellet où elle habite depuis 1978 et est élue depuis 1983 : « Je n’en peux plus, j’ai des enfants malades et je suis malade, je vais retourner voir le préfet. Je n’arrive plus à gérer, je suis incompétente… Je démissionne. Le seul que je vois après moi c’est le premier adjoint JeanPaul Hussié ». Cette dernière proposition étant accueillie par les huées du public. Nicole Boizis s’est enfin levée et a quitté la salle sur un « Je m’en vais, merci ». Il restait deux questions à l’ordre du jour. La maire, qui est donc revenue hier sur sa décision, devrait bien présider le prochain conseil lors duquel elles seront abordées.