ans de Tour de France
Couverture record du Tour pour cette figure de TF1 et Eurosport qui, de sa résidence varoise, raconte ses cinq décennies dans le peloton à côtoyer les mythes en cuissardes. Le plein de joies et d’amitiés avec les incontournables drames et excès...
De France Inter à TF1, la voix du Tour, c’est lui ! Record absolu, durant une cinquantaine d’éditions, Daniel Pautrat a chevauché à l’arrière des deux-roues pour ressentir au plus près, micro en main, le peloton. Une époque où les reporters avaient porte ouverte dans les chambres des coureurs. Un regard unique sur la plus célèbre course cycliste au monde qui se devait, à quelques jours du départ de la 104e Grande Boucle être couché sur papier. En publiant ses Mémoires (lire page suivante), le journaliste sportif fourmillant d’anecdotes a voulu placer le lecteur au centre de la course. Varois d’adoption dès 1977 aux Arcs, c’est à Grimaud où il est installé depuis 2005, que Daniel Pautrat reçoit. Non loin de la résidence de feu Henri Desgranges, fondateur du Tour de France en 1903. Mais aussi de cette fameuse plage maximoise où en 1950 nombre de coureurs du Tour, étouffés par la chaleur, ont piqué une tête en pleine étape, faisant fulminer Jacques Goddet qui rayera la Côte d’Azur de la carte durant quarante ans ! Les yeux plongés dans la grande bleue et le coeur en roue libre, séquences souvenirs, souvenirs, avec ce grand monsieur du Tour qui vient d’organiser la VarVerdon sous les bannières du Vélo Mythique Club.
Dopage : Poupou !
«Je me destinais à une carrière d’ingénieur-chimiste. Cela m’a servi sur le Tour où je suis devenu le grand spécialiste du dopage. Mon grand scoop ? Être au courant du premier contrôle de l’histoire du Tour en 1966 grâce à une infirmière. C’est Poulidor qui a été intercepté à l’hôtel avec fouille en règle. À 19 heures, je donnais l’information sur France Inter. Le lendemain, les coureurs ont protesté contre ce procédé dégradant en observant un moment de grève à Gradignan. Anquetil menait la fronde. Il était solidaire de Poulidor. Pour une fois les deux rivaux s’entendaient ! ».
Sursaut d’orgueil de Thévenet
«Même si je n’avais pas les outrances d’un Thierry Roland, je reconnais que je n’étais pas très objectif. Je prenais partie pour le champion du public » (rire). Par exemple, sur le Tour 1977, à un kilomètre de l’arrivée, je me suis posté à hauteur de Thévenet pour lui dire qu’il était en train de perdre son maillot jaune. Ça l’a sauvé. Bernard s’est ressaisi et a comblé l’écart!» (Hennie Kuiper finira second au général du Tour à 48 secondes ! Ndlr).
L’horreur en Dordogne
« En juillet 1964, à l’heure du duel Anquetil-Poulidor, un camion-citerne a raté un virage et emporté des dizaines de spectateurs avant de basculer dans le canal de la Dordogne… Je suis arrivé quelques secondes après… Voir ces membres déchiquetés qui flottaient à la surface d’une rivière rouge de sang m’a marqué à vie… »
Dali monte dans le(s) Tour(s)
« Les rencontres en marge du Tour pouvaient être extraordinaires. Comme cette soirée passée à Carcassonne avec Antoine Blondin et Dali. Entre l’un qui bégayait et l’autre qui parlait en détachant les syllabes, le dialogue fut aussi quantitativement pauvre que qualitativement riche ! ».
Zitrone série Z du Tour
« Léon Zitrone était un journaliste brillant, mais sa grande culture ne suffisait pas pour commenter le Tour de France et ses aspects purement cyclistes. Il appréciait l’effort des champions, il savait le glorifier, mais il aimait aussi profiter des bains de foule à sa propre gloire. Sauf qu’il voulait trop en faire, ce qui l’a desservi. En 1977 dans le Sud-Ouest, André Maubé écrivait à son propos : « Le commentaire fut lamentable de catégorie Z comme Zéro ou Zitrone »
Le vélo plus fou que le foot
« Lors d’un déjeuner à Monaco, voici quelques années feu Raymond Kopa me confie : “Nous autres footballeurs, nous n’avons rien à raconter, le samedi nous prenions le train ou le car à Reims pour Nantes ou Lyon. Nous jouions à la belote. Après le match nous rentrions, nous reprenions l’entraînement, massage puis nous repartions jouer…”. Il est vrai qu’il y avait une plus grande convivialité dans le peloton cycliste ! », confie celui qui sera dix ans directeur général d’Eurosport.