Var-Matin (La Seyne / Sanary)

« Une société sans droit serait livrée à l’anarchie, au chaos, ou à la domination sans partage des plus forts. »

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II/ La loi est-elle toujours juste ? A/ Le juste et le bien. La notion de « juste » ne se confond pas avec la catégorie morale du « bien ». Elle ne relève pas de choix ou de croyances individuel­s mais d’une éthique collective qui définit un certain état de la civilisati­on. Elle exprime une vision communémen­t partagée de ce qui est acceptable, convenable, équitable (Orwell parlait de common decency : décence commune). Est juste – indépendam­ment de tout jugement moral - ce qui apparaît légitime et conforme à l’équité. B/ Le droit et le juste. Le droit positif, celui qui s’applique à un certain moment sur un certain territoire (de même que la Justice, qui veille à son applicatio­n) est une création humaine, faillible, critiquabl­e, changeante, et qui varie d’un pays à l’autre. Il reflète des rapports de force et de domination, un certain état des mentalités. Il peut engendrer – ou légaliser – des situations injustes. Dans un passé pas si ancien, on avait le droit de posséder des esclaves ou de faire travailler les enfants dans les mines. Ce n’était pas juste pour autant. III/ Avoir le droit pour soi Un acte ne peut être déclaré « juste » au seul motif qu’il est légal ou licite. La justesse d’un acte, ou sa justice (à distinguer de la Justice comme institutio­n : les mots ne sont pas synonymes) doit s’apprécier non seulement au regard de la loi mais au regard des principes qui guident la société, et aussi, s’agissant de la nôtre qui a inscrit l’égalité au coeur du pacte républicai­n, de la personne qui le commet. Dans l’énoncé « Tout ce que j’ai le droit de faire est-il juste ? », le mot « je » est important. Il met en garde contre la propension des puissants à user de leur position pour tourner les lois à leur profit (selon que vous serez puissant ou misérable…). Voire à les accommoder à leur avantage lorsque, étant partie prenante à la confection des lois, ils décident euxmêmes de ce qu’il ont « le droit de faire ». On pense à certains usages népotiques et privilèges fiscaux (en voie d’être abolis) dont bénéficien­t les parlementa­ires et qui, pour être légaux, peuvent difficilem­ent être considérés comme « justes ». Mais cela nous éloigne peut-être un peu trop du bac philo…

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