« Un avion très populaire auprès des passagers »
Directeur de l’innovation chez Airbus, Richard Carcailler est responsable de la plateforme de l’A380, qui mobilise près de quarante employés.
Comment définir l’A ?
C’est le plus grand avion au monde. L’un des plus silencieux, aussi. Grâce à son silence et sa stabilité, il est comme un gros navire par rapport aux plus petits, ce qui le rend très populaire auprès des passagers. En outre, il apporte aux compagnies aériennes une partie de la solution à la croissance constante du trafic.
À bord, qu’apporte-t-il au passager ?
L’avantage le plus évident se situe en classe éco : des sièges plus larges pour un confort remarquable, une cabine très lumineuse et silencieuse... C’est un avion très plaisant, une expérience du transport aérien beaucoup moins stressante que ce qu’on a connu jusqu’ici. L’envol est majestueux et serein à la fois. Certains passagers ne s’aperçoivent même pas du décollage!
Le privilège de voyager en A se ressent-il dans le prix du billet ?
Ça, il faut plutôt le demander aux compagnies aériennes... Mais oui, le prix moyen du billet est un peu plus élevé, car il est très recherché. Comme les passagers l’ont dit lors d’enquêtes d’opinion, ils sont prêts à payer un peu plus pour voyager en A.
Le faire atterrir à Nice constitue-t-il un défi technique ?
C’est un défi très limité, dans la mesure où l’avion a été conçu pour être facilement compatible avec les aéroports. Il décolle plus court que le , bien qu’il soit % plus grand ! Il n’y a pas besoin de changer les pistes, si ce n’est d’aménager un peu les abords latéraux, pour permettre des visites quotidiennes des réacteurs. La seule modification très visible, c’est l’aménagement des portes d’embarquement avec deux passerelles d’accès à bord, pour le pont principal et le pont supérieur.
Nice, c’est une jolie prise ?
Oui, c’est très plaisant de voir croître le nombre de villes françaises desservies par l’A. Merci à Emirates ! C’est très positif pour eux, en termes de présence sur le marché français, et pour Airbus, qui gagne en exposition de l’A au public. Très positif aussi pour Nice, qui rejoint ainsi la carte des aéroports desservis par cet avion.
Que pèse Emirates dans cette flotte ?
Emirates est le client majeur de ce programme. Elle représente près de la moitié de la flotte en service. Cette compagnie a accumulé de grands succès, et cette arrivée de l’A à Nice et Lyon, après Paris, en est un signe.
L’A est-il voué à rester cantonné aux très long-courriers ?
Non. Il dessert déjà des villes moyennes comme Zürich. Cet avion peut s’adapter à un grand type de routes aériennes. Nous en avons déjà en service, une centaine est en commande... Ce programme s’est bien installé et remplit un rôle important dans l’industrie du transport aérien.
L’A est-il la preuve que l’Europe peut produire des succès ?
Certainement, oui. En , nous avons atteint le chiffre de production nécessaire pour amortir les coûts d’investissement et commencer à gagner de l’argent. Il a fallu la vision des dirigeants d’Airbus et le soutien des décideurs politiques de l’époque pour lancer un programme aussi ambitieux. L’A devait concurrencer le de Boeing ; au final, il l’a rendu obsolète et a mis fin à plus de trente ans de monopole !