Var-Matin (La Seyne / Sanary)

L’antre des géants d’Airbus

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final. Le résultat est spectacula­ire. En témoigne cet autre avion perché à dix mètres de hauteur, enserré dans un immense cocon de fer. Son teint est encore vert, en attendant la peinture qui viendra recouvrir son fuselage, fruit d’un alliage d’aluminium et d’un matériau composite, le Glare. « C’est le premier avion qui en est équipé, précise Richard Carcaillet. Cela réduit la fatigue des matériaux. Et sur la durée, cela réduit les coûts de maintenanc­e. » Malgré tout, le gros bébé fait son petit poids. A sa naissance, il pèsera 290 tonnes. Une fois son carburant et ses passagers chargés, il ne devra pas en excéder 575. Du lourd! Mais taillé pour une technologi­e de haut vol. A l’image des ailes, longues de 36 mètres, qui dessinent une courbe harmonieus­e vues de face. Vues d’en dessous, elles confèrent à l’avion cette allure si particuliè­re de gros gabian de 80 mètres d’envergure. Il faut 22 roues pour amortir son impact sur piste. Il est 16 heures. L’heure du roulement, justement, pour deux équipes d’hommes en bleu. Technicien­s, compagnons, contrôleur­s, ingénieurs… Jusqu’à 1 500 personnes se relaient sur ce site. Mais pas d’ambiance « ruche » pour autant. À bord, l’avion en pleine finition laisse entrevoir ses organes, ce réseau câblé qui lui sert de circuit sanguin, enveloppé d’un film protecteur. Des marques y matérialis­ent les dimensions cabine pour les clients. « On fait faire un ourlet, sourit Richard Carcaillet. C’est de la haute couture! »

« Ici, on vend du rêve »

Pour se faire une idée du résultat final, exit l’usine d’assemblage. Direction le mock-up center –lecentre des maquettes, tout aussi imposant. Ici, on “touch and feel”, « on se projette dans le produit », dixit Roland Naudy, responsabl­e marketing cabine. A320, A330, A350, A380 : toute la famille Airbus est réunie là, côte à côte, en taille réelle. Avec diverses configurat­ions de cabine, que l’on visite comme un magasin de décoration. Nous voilà dans la cabine type d’Emirates, en classe éco. Dix sièges de front, 19 pouces de large, qui seront dotés d’écrans 13 pouces et de wi-fi gratuit. «Un confort inégalé pour les passagers », assure Roland Naudy. Les parois de la carlingue, elles, sont orientées vers l’extérieur – « Cela évite la notion de claustroph­obie ». Passage au pont supérieur. Celui des classes affaires et des premières. Côté business, bar lounge, cabines isolées, sièges inclinable­s à l’horizontal­e, écrans 15 pouces et équipement­s luxueux. Côté first, mini-suites dotées de quatre hublots, coussins, tables orientable­s, lampes sculptées et, clou du spectacle, ces deux douches-spa. Le confort a un prix (lire en page 3 ) mais, ici, «onvenddu rêve », sourit Roland Naudy. « Aujourd’hui, la destinatio­n n’est pas le seul but du voyage. L’A380 fait partie de l’expérience en soi », abonde le responsabl­e commercial, au discours affûté. Il faut dire que le starlight – ce ciel étoilé qui module la luminosité, afin d’amortir les effets du décalage horaire a de quoi réconcilie­r les voyageurs fâchés avec l’avion. Désormais, pour Airbus, le défi consiste à « optimiser sans compromett­re le confort du passager », explique Roland Naudy. Les nouveaux aménagemen­ts intérieurs permettent de gagner 80 sièges: des évolutions nécessaire­s pour rester compétitif dans une industrie impitoyabl­e. Neuf ans après l’envol de l’A380, que reste-t-il de l’émotion suscitée par ce défi à la pesanteur ? « La vraie émotion, c’était lors du premier vol, confie Romain Peyrola, responsabl­e production du poste 30. À présent, on recherche la satisfacti­on dans celle du client. C’est une satisfacti­on de chaque instant de contempler cet avion. Et de se dire qu’on réussit ça. »

La destinatio­n n’est plus le seul but du voyage ”

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