Var-Matin (La Seyne / Sanary)

NOS TRÉSORS

- RÉGINE MEUNIER rmeunier@nicemtin.fr

À qui s’en remettre sinon à la puissance divine lorsque la grêle détruit les récoltes, la foudre tue, les bêtes tombent malades, les marins ne reviennent jamais… L’abbaye de La Celle abrite jusqu’au  septembre, ces dieux romains, auxquels les Hommes faisaient appel pour se protéger. Des dieux dont le culte a été révélé lors de fouilles dans le Var.

À l’époque romaine, l’Homme n’a que les dieux pour expliquer l’inexplicab­le. Il ne peut s’en remettre qu’à eux pour comprendre ses joies et ses peines, son bonheur ou son malheur, sa force et son courage pour justifier la vie et la mort, surmonter sa destinée. Il choisit son dieu comme une mascotte, s’en remet à lui, lui donne visage et corps pour mieux le vénérer. Sur ce territoire qui est aujourd’hui celui du Var, il pratique le culte de divinités en rapport direct avec son quotidien, comme le révèle l’exposition «Des dieux et des hommes », en cours à l’abbaye de La Celle. L’Homme y est au tournant de l’ère chrétienne ; il s’apprête à passer de l’avant à l’après Jésus-Christ, et va peu à peu abandonner le polythéism­e au profit du monothéism­e, lequel a donné naissance à cette abbaye du XIIe siècle. Ici même, ont vécu moines et moniales, placés sous l’autorité de l’abbé de SaintVicto­r de Marseille. Une cinquantai­ne de pièces, racontant le culte de ces dieux, trouvées lors de fouilles dans le Var, se laissent vénérer dans le dortoir et le réfectoire des bénédictin­s. Elles n’avaient encore jamais été exposées. Comme ce buste de Mercure, daté de la fin du IIe siècle après J.-C., retrouvé à Toulon. Mercure qui protégeait les marins et les voyageurs, en veillant sur les voies commercial­es, terrestres et maritimes. « Un vrai superman», raconte Yvon Lemoine, commissair­e de l’exposition. Son chapeau et ses sandales ailés font de lui le messager des dieux, car ainsi équipé, il peut atteindre le ciel. La déesse Fortuna, pour sa part, préservait de la maladie, couvait la famille et garantissa­it la réussite profession­nelle. Fortuna en latin, n’est-ce pas la chance. Un des bustes la représenta­nt a été mis au jour à Toulon.

Des gentils et des méchants

Minerve, déesse à la fois de la guerre et de la sagesse, de la stratégie et des arts, mettait ses pouvoirs au service des guerriers rassemblés à Forum Julii, nom latin de Fréjus, dont le port a abrité la flotte romaine. Son buste a été découvert à Fox-Amphoux. Forum Julii étendait jusque-là et même jusqu’à Cabasse, sa suprématie. Minerve était aussi garante de la Pax Augusta, la paix d’Auguste. Mais tous les dieux n’étaient pas bienveilla­nts, comme l’empereur Commode qui en réalité ne l’était pas. Il a régné entre l’an 180 et 192 après J.C. Sa réputation d’homme cruel et dément est parvenue jusqu’à nous. Pourtant, il a fait l’objet d’une damnation de la mémoire : tout ce qui le représenta­it a été détruit. Sauf ce buste déterré à Fréjus, mais dans un lieu qui n’est pas celui réservé à un dieu. Cela explique sa déchéance comme les marques de lapidation encore visibles sur sa tête de pierre. Il en était ainsi, les empereurs pouvaient être divinisés, comme l’a été Auguste (27 av. J.-C.-14 ap. J.-C.). Il a pacifié le sud, notamment la Gaule narbonnais­e dont l’actuel territoire du Var faisait partie. Son culte y a été plusieurs fois révélé lors de fouilles. ◗ Entrée libre. Ouvert du mardi au dimanche : 10h30-12h30/13h30-17h30. 04 98 05 05 05.

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(DR) Fortuna, bienveilla­nte pour les familles.

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