Guérel, de l’ombre à la lumière
Son nom est apparu pour la toute première fois dans les colonnes de Var-matin le 16 février dernier. Émilie Guérel n’était alors qu’une militante macroniste anonyme, animatrice du comité En Marche ! de Sanary, tractant à Toulon avant le meeting du futur président, qu’elle comparaît à une « rock star ». Depuis dimanche soir, elle est la nouvelle députée de la 7e circonscription du Var. A l’issue de seulement quatre semaines de campagne, cette jeune et discrète professeure d’anglais de 33 ans, sans aucun passé militant ou associatif, l’a emporté face à deux “stars” politiques locales : le député sortant Jean-Sébastien Vialatte (LR) et le patron du FN varois Frédéric Boccaletti. Si le puissant souffle macroniste l’a naturellement poussée, derrière cette ascension aussi fulgurante qu’inattendue se cache aussi sans aucun doute un caractère insoupçonné. Et encore un peu mystérieux, avouons-le. Débordante d’enthousiasme à l’annonce de son investiture par En Marche ! le 11 mai, visiblement intimidée lors de sa première prise de parole publique une semaine plus tard aux Sablettes, imperturbable face aux questions des journalistes au lendemain de la polémique entourant ses arrêts maladie, le comportement d’Émilie Guérel a agacé certains. Séduit d’autres. Et intrigué tout le monde !
Une «battante»
Car la novice en politique, jetée dans le grand bain sans bouée, a toujours gardé la tête hors de l’eau. Résisté aux tourbillons. Même si ses quelques bafouillements face aux caméras ont été moqués, elle n’a jamais perdu son sang-froid ni son sourire. Jamais refusé le débat, même en face-àface avec l’expérimenté Frédéric Boccaletti, qui a d’ailleurs reconnu son « courage » (Var-matin du 15 juin). « C’est une battante », assurait, ému, son mari Kevin le soir de la victoire. Et le parcours volontaire de la jeune enseignante, mère de famille dès l’âge de 21 ans, qui a repris des études à 31, porte à le croire. Née Flandrin le 18 décembre 1983 à Carpentras, Émilie Guérel grandit à SollièsPont. Elle effectue toute sa scolarité, jusqu’au baccalauréat, à l’institution NotreDame de Toulon. Direction ensuite la fac de La Garde où elle obtient une licence d’anglais. C’est à cette époque qu’elle rencontre Kevin. Et choisit de le suivre à SaintEtienne (Loire), où il doit intégrer une école de communication. Les jeunes étudiants deviennent rapidement parents d’une petite fille et se marient. Émilie s’accroche et obtient son Capes à l’âge de 23 ans. Après une année d’enseignante stagiaire à SaintEtienne, elle est titularisée au collège du village voisin de Feurs. Le Var lui manque. Quand son mari décroche un poste à Toulon, elle le suit une nouvelle fois. Prend une année de disponibilité avant d’obtenir une mutation au collège Les Eucalyptus d’Ollioules en 2011.
Sciences po en septembre
Quatre ans plus tard, Émilie Guérel décide de reprendre des études et de passer le concours d’entrée préparant au diplôme de l’Institut d’études politiques – en formation continue – à Aixen-Provence (major du concours d’entrée). Elle aurait dû passer les épreuves écrites au début du mois. Mais, excusée pour cause de campagne électorale, la jeune députée est autorisée à se présenter au rattrapage en septembre. Soit après avoir vécu ses premières heures en tant que parlementaire. Gageons que l’oral de sciences po ne pourrait être alors qu’une formalité.