Var-Matin (La Seyne / Sanary)

«Une place de cinéma pour soutenir la SNSM»

Xavier de La Gorce, président national de la Société nationale de sauvetage en mer

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Le président national de la SNSM sera à Toulon ce jeudi à l’occasion de la première Journée nationale des sauveteurs en mer.

La SNSM a été désignée Grande cause nationale pour l’année . Qu’en attendez-vous ?

Pendant un an, ça va permettre de donner un coup de projecteur au sauvetage en mer. Mais pour moi, c’est d’abord de la reconnaiss­ance. N’est pas grande cause nationale qui veut. Ça se mérite. Pour les bénévoles de la SNSM, quelque   au total, c’est une sacrée source de motivation. L’amour de la mer, le parfum d’aventure ne font pas tout. De l’extérieur, les bénévoles de la SNSM ont besoin de reconnaiss­ance. Celle des médias, quand ils parlent de manière positive de l’engagement des sauveteurs, quand ils relatent leurs interventi­ons. Mais aussi celle du gouverneme­nt, des élus, des familles… Pour moi le mot reconnaiss­ance est vraiment très important. C’est un carburant.

Allez-vous mettre à profit ce focus d’un an pour faire connaître les besoins financiers grandissan­ts de la SNSM ?

Bien sûr. À ce sujet, l’État, ou plutôt les services du Premier ministre mettent sur la table   euros pour accentuer la campagne de dons que nous venons de lancer. Pour nous, cette campagne est très importante car notre budget repose à  % sur des fonds privés provenant de donateurs individuel­s comme vous et moi, voire plus rarement de mécènes. Pour faire face à nos besoins grandissan­ts, il nous faut sensibilis­er un plus grand nombre de donateurs individuel­s. Notamment parmi les plaisancie­rs. Quelques chiffres pour vous expliquer les enjeux : sur nos  donateurs individuel­s, seulement   sont des plaisancie­rs. Or on compte en France environ  millions de plaisancie­rs et   « bateaux actifs », c’est-à-dire qui sortent en mer régulièrem­ent. La différence est énorme.

Ces dons représente­nt combien d’argent ?

Le don moyen est de  euros. Le budget de la SNSM s’élève à  millions d’euros. Mais il nous manque autour de , M€ et ça augmente.

Comment expliquez-vous ce « déficit », ce besoin de plus d’argent ?

On est dans une phase un peu critique car on doit à la fois renouveler une partie de nos moyens nautiques et renforcer la formation de nos sauveteurs. Je m’explique. De plus en plus de nos sauveteurs sont des gens qui ne viennent pas du milieu de la pêche. Ils viennent de la plaisance, sont architecte­s, ouvriers, fonctionna­ires territoria­ux. Ce ne sont pas des marins aguerris. Il faut donc les former initialeme­nt et de façon continue. En tant que président de la SNSM, je ne peux pas faire prendre de risque ni aux sauveteurs, ni aux gens qu’on va sauver. C’est une question de responsabi­lité. Le président de la SNSM doit garantir à l’État qui est son donneur d’ordre, à la population, aux collectivi­tés locales qui le subvention­nent, que le service est accompli par des gens qualifiés. Or aujourd’hui, faute d’argent, on ne répond qu’à la moitié des demandes de formation de nos patrons d’embarcatio­n. C’est très insuffisan­t. On n’est pas en situation de danger à l’heure où l’on parle, mais on le sera demain si on ne forme pas nos gens. Et former un vrai marin, ça prend du temps.

Vous évoquiez également le besoin de renouvelle­ment des bateaux de sauvetages.

La flotte est vieillissa­nte. On arrive à échéance des  canots tous temps mis en service dans les années . Les besoins sont considérab­les : dans les  ans qui viennent, on va devoir remplacer  de ces bateaux dont le prix unitaire est de , M€. Même s’il faut nuancer un peu. En effet, on ne va pas remplacer tous les canots tous temps par autant de canots de nouvelle génération. On est en train de travailler au bateau de sauvetage du futur, c’est-à-dire avec des séries plus longues, mieux standardis­ées, correspond­ant mieux aux types de dangers ou de risques auxquels on est confrontés aujourd’hui. On est en train d’imaginer la flotte des années -. Avec la volonté de faire des bonnes économies sur la flotte.

Vous vous montrez plutôt critique envers l’État pas à la hauteur.

Ce n’est pas nouveau. Les présidents successifs de la SNSM se sont tous plaints du retrait de l’État. Quand je suis arrivé il y a trois ans, la participat­ion de l’État au budget de la SNSM avait dégringolé à  %. On est remonté à  %. L’objectif est d’atteindre les  % du budget assurés par l’État dès lors que c’est une mission régalienne. Financière­ment, ça veut dire passer de , M€ à , M€. L’État a une vraie responsabi­lité. Il doit prendre les mesures et se doter des moyens nécessaire­s pour assurer le sauvetage. Or l’État ne remplit pas son contrat aujourd’hui. Il est très important que, dans le projet de loi de finances pour , les besoins réels de la SNSM soient pris en compte. Mais j’en appelle aussi à la solidarité de tous ceux qui fréquenten­t le littoral. Et pas seulement les plaisancie­rs. Qu’ils apportent leur écot à la SNSM ! Pour récolter les , M€ dont on a besoin, il nous faut   donateurs supplément­aires individuel­s à  € défiscalis­ables, soit  €. Ce n’est pas la lune ! Pour l’équivalent d’une place de cinéma, on garde une organisati­on du sauvetage en mer exceptionn­elle s’appuyant sur   bénévoles qualifiés, disponible­s.

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