Var-Matin (La Seyne / Sanary)

Sur le trajet, on s’arrêtait aux stations d’essence Azur ou Ozo : on pompait le carburant avec de longs bras métallique­s pour le faire monter dans des réservoirs en verre, d’où un tuyau permettait de verser la quantité voulue dans le moteur.

- ANDRÉ PEYREGNE

La difficulté du Muy franchie, on pouvait reprendre de la vitesse. Est-ce parce qu’on se sentait soudain libre qu’on devenait imprudent ? On froissa beaucoup de tôle et on se tua dans le « virage des Castagnier­s », de sinistre mémoire, à Roquebrune-sur-Argens. C’est non loin de là, dans la plaine de Fréjus, qu’aura lieu au matin du 5 juillet 1964, un accident dont on a beaucoup parlé et dont la cause n’a jamais été élucidée : une Volvo noir et blanc immatricul­ée en Suisse s’écrase contre un platane. Jean-Claude SaintAubin, 22 ans, et sa passagère, Dominique, 18 ans, meurent. Les parents de Jean-Claude, des bijoutiers de Dijon, enquêtent. L’« Affaire Saint-Aubin » durera trente ans et ne sera jamais élucidée. Certains ont même évoqué un mensonge d’État. Le jeune homme aurait été la cible, par erreur, des services secrets

français. Un témoin a vu un camion militaire, dissimulé en contrebas, démarrer brusquemen­t pour barrer la route à sa Volvo. Il aurait été confondu avec un activiste de l’OAS qui devait rouler sur cette même route dans une voiture de même marque, de même couleur, elle aussi immatricul­ée en Suisse. On n’a jamais su, on ne saura jamais.

 : le péage à  francs

Après Fréjus, on s’élance dans l’Estérel. Cent quatre-vingt-trois virages attendent les vacanciers entre les chênes-liège pour arriver jusqu’à Cannes. En 1961, sera ouvert le premier tronçon de l’autoroute, de Puget-sur-Argens à Mandelieu. 2 francs (0,30€) : la première autoroute à péages de France ! Après Cannes, voici Antibes-Juan-lesPins. La RN7 longe la pinède, où sera créé en 1960 le Festival du Jazz. La Nationale 7 traverse ensuite Nice au long de la rue de France, puis s’engage sur la Grande Corniche qui s’élève jusqu’à la Turbie, au-dessus d’un des plus beaux panoramas maritimes du monde. On atteint là, à près de 700 mètres d’altitude, le second point culminant de la Nationale 7 – le premier se situant au col du Pin-Bouchain, entre les départemen­ts du Rhône et de la Loire. Enfin, l’arrivée sur Menton. On voit au loin le clocher de la basilique Saint-Michel, avec son campanile et son toit de tuiles vernissées. Les contrefort­s montagneux, làbas, appartienn­ent déjà à l’Italie. La Nationale 7 est arrivée à son terme. Neuf cent quatre-vingt-seize kilomètres ont été parcourus depuis Paris jusqu’à Menton. À 60 km/h de moyenne et avec les bouchons, certaines familles ont passé plus de 24 heures sur la route.

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Sur la Croisette à Cannes, le voyage continue à la queue leu-leu ! (Collection «Nationale7 historique, Provence»)
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(Photo DR) La station-service Ozo de Villeneuve-Loubet : une halte nécessaire.

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