Le bonheur, c’est maintenant

L’Insee qui ne badine pas avec les statistiques l’affirme : le moral des ménages n’a jamais été aussi haut depuis dix ans. Sans qu’il soit précisé si les indispensables sondages n’ont pas été menés au sortir des bons bistrots ou au lendemain des nuits de noces. Qu’importe ! Le moral est là. C’est-à-dire l’impression que le présent vaut d’être vécu et la conviction que l’avenir sera pas moins agréable. Or, en , Sarko venait de monter sur le trône au milieu d’une liesse générale dont seule la reine Cécilia s’était exclue ; Hollande dirigeait le département le plus endetté du pays ; Trump était à la tête d’un casino d’Atlanta au bord du dépôt de bilan ; Poutine répudiait Ludmilla et Bachar elAssad allait être convié un peu plus tard à assister depuis la tribune présidentielle à notre défilé du -Juillet. Mais – surtout – on payait moins d’impôts et de taxes, on ne dénombrait pas autant de chômeurs et la loi travail ne faisait pas voir rouge à la CGT. Comme la crise bancaire n’avait pas encore éclaté, Kerviel jouait au Monopoly dans sa salle des marchés, les Chinois n’avaient pas commencé à fabriquer les marinières made in France, l’usage du diesel était recommandé par les pouvoirs publics. En revanche, il était toujours interdit d’épouser son voisin de palier, les cyclistes n’avaient pas le droit d’emprunter les sens interdits et les autocaristes transversaux attendaient impatiemment la

première loi Macron. Tout s’explique.