Var-Matin (La Seyne / Sanary)

Rendez-vous littéraire avec Georges-Marc Benamou

L’écrivain, journalist­e et éditoriali­ste a répondu aux questions de Jérôme Lévy, l’organisate­ur des “Entretiens de l’été”, dimanche soir au Brusc

- JULIEN TALANI

En bon «Niçois de Paris », Georges-Marc Benamou connaissai­t « mal la région toulonnais­e ». Une escapade au Brusc, dimanche soir, a permis de rattraper ce retard, le temps d’un rendez-vous littéraire. L’écrivain, journalist­e et éditoriali­ste a répondu aux questions de l’organisate­ur du festival “Les Entretiens de l’été”, Jérôme Lévy.

De Mitterrand à Sarkozy

La carrière de Georges-Marc Benamou est riche de rencontres. Proche de Mitterrand, puis de Sarkozy, il ne renie pas ce “grand écart” entre idées de droite et de gauche. «Je faisais du Macron avant Macron », souritil. Une singularit­é dans une République trop “enrégiment­ée”. « J’éprouvais pour Mitterrand la fascinatio­n d’un très jeune homme pour un monarque lettré et élégant. Pour le “premier Sarkozy”, une grande affection pour ce président “pas fini” mais dynamique et créatif ». Quant à Macron, il donne «une belle image de la France ».« J’attends de voir si l’efficacité économique sera au rendez-vous ». Dans les coulisses du pouvoir, Georges-Marc Benamou a pleinement réalisé ce qu’il nomme « l’impuissanc­e d’État ».« Le peuple mérite davantage de transparen­ce sur l’emploi de l’argent public. La toute puissance de l’inspection des finances ne doit plus durer ; elle doit rendre des comptes. Sans pour autant la “dégraisser”, la fonction publique doit évoluer et gagner en efficacité. L’Élysée est, comme le disait De Gaulle, un lieu de “corridors et de complots”. C’est davantage le siège d’une courtisane­rie balzacienn­e qu’un vrai lieu de réflexion, de travail et d’action », pointait-il.

De l’ombre à la lumière

Avant tout journalist­e et écrivain, Georges-Marc Benamou a longuement enquêté pour un autre de ses livres. A la mort de son père, l’auteur est revenu, dans un souci de vérité, sur son enfance en Algérie et la guerre d’indépendan­ce dans C’était un temps déraisonna­ble. « Le massacre de 75 000 harkis, l’accueil de 800 000 réfugiés

lorsque l’État n’en attendait que 200 000... Tout témoigne dans cette histoire d’une indépendan­ce nécessaire, volée au peuple et bâclée par le pouvoir en place. Par la coalition De GaulleSart­re.

Il existait des pistes plus utopistes, portées par Michel Debré, qui prônait entre autres la gestion francoalgé­rienne des ressources saharienne­s. Elles auraient pris plus de temps. De Gaulle

était pressé. Le drame dans cette guerre c’est qu’elle est parsemée de mensonges, hante toujours les mémoires et alimente la haine dans les quartiers ».

Six-Fours

 ?? (Photo J. T.) ?? L’oeil aiguisé de Georges-Marc Benamou (à gauche ci-dessus) sur « la Cinquième » et la Guerre d’Algérie a été au coeur du témoignage, dimanche soir au Brusc.
(Photo J. T.) L’oeil aiguisé de Georges-Marc Benamou (à gauche ci-dessus) sur « la Cinquième » et la Guerre d’Algérie a été au coeur du témoignage, dimanche soir au Brusc.

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