Var-Matin (La Seyne / Sanary)

« Je suis enfin rentré en studio avec les Stones »

- ROBERT YVON ryvon@nicematin.fr

Buddy Guy aura  ans le  juillet prochain. Invité du festival Jazz à Juan avant-hier, il achève une longue tournée européenne avant de retrouver son club mythique à Chicago. né pour jouer de la guitare Nice-Matin, guitare s’exprimer, tu écoutes le monde, tu regardes les gens et ça donne le blues...

Vous dites qu’il ne faut pas parler des disparus. Pourtant, vous leur rendez hommage sur scène. Alors pourquoi ?

Parce que je ne peux pas oublier que sans ces gens-là, il n’y aurait jamais eu de blues. Que ce soit Muddy Waters, John Lee Hooker, B. B. King et même Ray Charles, ils ont créé notre musique à l’image de l’Amérique. J’y participe aussi à ma manière. Mais je les cite. Quand je reprends leurs morceaux, ce n’est plus moi. J’imite leur son à la guitare, parfois aussi leur voix. Je m’amuse et le public aime ça. Je fais le show.

Vous faites partie du Crossroads Guitar Festival d’Eric Clapton. Qu’apporte-t-il au blues ?

Avec les Rolling Stones, il a amené les musiciens noirs et le blues dans le monde entier. Je défends évidemment sa cause, comme beaucoup d’autres. Mais il a créé un son lui aussi. D’ailleurs sur cette tournée,

je m’amuse à reprendre un peu de son groupe Cream. Grâce à lui, le blues n’a plus de frontière.

Comment vivez-vous justement

Buddy Guy, comme Muddy Waters, ont beaucoup inspiré les Rolling Stones. Pourtant jusqu’à présent, Buddy n’était jamais rentré en studio avec Mick Jagger, Keith Richards, Ron Wood et Charlie Watts. Il y a eu le live et Champagne and Riffer pour le film de Scorsese (Shine a light) en 2008. Puis en 2015, le groupe qui souhaitait enregistre­r au plus proche des racines de Buddy lui a rendu visite. « Vous l’avez écouté ce disque ? J’ai conseillé les Stones et

je joue dessus. Personne ne le sait, sauf si vous écoutez

le “blues” de notre société : le terrorisme ?

C’est terrible. J’ai d’ailleurs beaucoup de mal à m’exprimer sur le sujet. Les gens souffrent. J’ai grandi en apprenant à aimer les gens que je ne connaissai­s pas. Sans regarder leur couleur de peau, leur appartenan­ce politique ou leur religion. Aujourd’hui, quand on est face à quelqu’un, on ne sait pas ce qui se cache derrière l’homme. Il ne faut pas avoir peur, c’est tout. Il faut

continuer à vivre normalemen­t. En Amérique aussi, la vie n’est pas simple, croyez-moi. bien. Oui, j’ai pu enfin enregistre­r avec les Stones », lance-il. Ce disque, c’est Blue & Lonesome, sorti cette année. Ce n’est pas la première fois qu’un musicien important n’est pas crédité sur un disque des Stones. Ce fut le cas du saxophonis­te Sonny Rollins sur un titre de l’album Tattoo You. Du coup Jagger est retourné en studio avec Buddy Guy pour graver cette fois Doo doo doo doo doo (Heartbreak­er) sur un disque intitulé Chicago Plays The Stone. Un « collector », destiné à financer un musée du blues à Chicago.

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(Photo Sebastien Botella)
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