Var-Matin (La Seyne / Sanary)

Du classique .

L’illustre Ensemble Matheus dirigé par J.-C. Spinosi est en résidence à Six-Fours cette semaine pour le 4e Festival de la Collégiale. Grand concert gratuit samedi au parc de la Méditerran­ée

- PROPOS RECUEILLIS PAR ANNE FUERXER

L’Ensemble Matheus et son chef d’orchestre à la renommée internatio­nale, Jean-Christophe Spinosi, sont en résidence... et sèment leur “barock’n’roll”.

Le coup d’envoi du e Festival de la Collégiale a été donné hier soir au sein de l’édifice millénaire qui domine Six-Fours et la rade de Toulon. Jusqu’à samedi, l’Ensemble Matheus, sous la direction de Jean-Christophe Spinosi, propose en divers lieux des spectacles détonants qui triomphent dans le monde entier. Avec l’objectif de « faire entrer la musique dans le coeur des gens ». Qu’elle date du XVIIe ou du XXIe siècle, dans un subtil et audacieux mélange des genres et des époques, du baroque au rock’n roll comme l’indique le nom du grand spectacle gratuit qui clôturera le festival au parc de la Méditerran­ée. Une véritable invitation au voyage pour faire le plein d’« énergie positive ».

Jean-Christophe Spinosi aime la musique. Aime les gens. Aime rendre les gens heureux avec la musique. Et ça se voit, ça s’entend, ça se ressent. La musique n’est-elle pas « le média des émotions », comme il se plaît à la définir ? Et parce qu’elle « fait du bien à tout le monde », assure-t-il, il la fait vivre – ou revivre – et la partage avec une énergie et un enthousias­me époustoufl­ants. La renommée internatio­nale acquise au fil des ans par son Ensemble Matheus, qui se produit sur les scènes du monde entier, de New York à Moscou en passant par Vienne, Londres, Séoul ou Quebec, n’y a rien changé. Quand il vient en résidence à Six-Fours, chaque été depuis quatre ans, l’illustre violoniste et chef d’orchestre invite le public à assister aux générales des concerts du Festival de la Collégiale. Comme mardi soir, où il répétait Monteverdi 2.0 avec les sopranos Emilie Rose Bry et Zoé Nicolaidou, ainsi que le contre-ténor David DQ Lee. Un moment de partage rare, que Jean-Christophe Spinosi aborde en toute simplicité et sincérité. En poloshort-baskets, il arpente l’allée centrale de la Collégiale Saint-Pierre pour expliquer

au public sa démarche. Un propos accessible et teinté d’humour, à l’image de ce virtuose atypique qui depuis plus de vingt ans bouscule les codes de la musique classique pour la rendre vivante et moderne.

La musique classique n’est-elle donc plus adaptée à notre époque ?

Ce n’est pas la musique qui n’est plus adaptée, mais la manière de la jouer ! Avec Internet, les réseaux sociaux, le zapping, la concentrat­ion d’écoute a changé. Donc les formes de spectacles et de concerts doivent évoluer aussi. Pourquoi faudrait-il faire la même chose en  qu’en  ? Vous savez, au XVIIe siècle les concerts classiques ne se déroulaien­t pas du tout comme au XXIe : les gens parlaient, mangeaient, applaudiss­aient au milieu des morceaux…

Quel est le but recherché ?

C’est une mise en perspectiv­e sur laquelle on travaille, pour que la musique aille dans le coeur des gens. On cherche des émotions fortes. J’ai besoin de sentir une énergie positive dans le public, mon objectif est de rendre les gens heureux. Quand je

dirige un orchestre à Vienne ou à Berlin, j’essaie d’apporter de l’oxygène. Le monde entier bouge, il y a des crises et des révolution­s, les moyens de communicat­ion et de transport évoluent ; la musique est un art, et les arts doivent faire écho aux situations humaines. La musique doit donc bouger aussi, être vivante, respirer.

Comment rendez-vous contempora­ine une musique qui a quatre siècles ?

Nous fournisson­s un énorme travail musical pour ouvrir de nouvelles portes. La musique est quelque chose de tellement puissant que certains peuvent s’enfermer dedans. Mais moi je ne fonctionne pas comme ça. J’ai besoin de rester en contact avec la vraie vie, celle d’aujourd’hui, de partager ma passion. Si les gens n’écoutent quasiment plus de musique classique, c’est la faute des musiciens ! Il faut sans cesse la réadapter pour qu’elle revive. La musique du XVIIe siècle peut redevenir un langage contempora­in. Je vis cette musique comme au présent, on la travaille pour la féconder. Je prends ça très au sérieux, avec tout mon coeur.

Le mois dernier vous dirigiez une chorale exceptionn­elle à bord du Queen Mary  entrant en baie de New York, avant un concert grandiose à Central Park avec Natalie Dessey. Y a-t-il encore des lieux où vous rêveriez de vous produire ?

L’Antarctiqu­e, j’en rêve ! Mais ça risque d’être compliqué avec la températur­e… Et j’aimerais aussi jouer plus souvent dans le Sud !

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(Photos Dominique Leriche) Lors de la générale de Monteverdi ., mardi soir à la Collégiale, Jean-Christophe Spinosi explique sa démarche au public.
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 ??  ?? D’origine corse, adopté par la Bretagne, Jean-Christophe Spinosi revient toujours avec plaisir à Six-Fours et Toulon, un « endroit de coeur » où réside une partie de sa famille.
D’origine corse, adopté par la Bretagne, Jean-Christophe Spinosi revient toujours avec plaisir à Six-Fours et Toulon, un « endroit de coeur » où réside une partie de sa famille.

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