Var-Matin (La Seyne / Sanary)

Froome s’en rapproche

Le premier volet alpestre n’a pas bouleversé le général. Froome a gagné du temps sur Aru et s’avance surtout vers un 4e succès dans la Grande Boucle

- ROMAIN LARONCHE À SERRE-CHEVALIER

Ceux qui attendaien­t un effondreme­nt de Chris Froome devront repasser. Après sa légère défaillanc­e pyrénéenne à Peyragudes, le Britanniqu­e a montré qu’il avait encore les épaules assez larges pour tenir son maillot jaune jusqu’à Paris. Les quatre cols du jour (Ornon, Croix de Fer, Télégraphe, Galibier) ne l’ont pas fait vaciller. Son équipe a parfaiteme­nt maîtrisé son affaire pendant les trois quarts de l’étape. Et quand Romain Bardet a porté l’estocade à 3,5 kilomètres du sommet du Galibier, le ‘’Kényan blanc’’ est allé lui-même chercher son adversaire numéro 1. Cette fois-ci, le triple vainqueur du Tour n’a même pas laissé de bon de sortie à Dan Martin. « Mon équipe a été brillante alors qu’on était attendu. Je me sentais bien et j’avais de bonnes jambes, donc j’ai pu garder tout le monde sous contrôle », a réagi le leader de la Sky.

Stephen Roche : « Quand on l’enterre, il rebondit »

Déloger le natif de Nairobi de son trône n’est pas chose aisée. Certes, il n’a pas encore remporté la moindre course cette saison, mais il démontre qu’il est habile sur tous les terrains. « Quand on l’enterre, il rebondit encore plus fort, il se nourrit de ce doute », analyse Stephen Roche. « On aimerait que Froome et Sky dominent moins, mais on voit peut-être des faiblesses là où il n’y en a pas. Pour le moment, il a buté sur un mur (Peyragudes), ce qui n’est pas sa spécialité. Sinon, il a répondu présent sur le chrono, les bordures et la montagne. Il a évité tous les pièges, est très vigilant et son équipe très forte ». Pour le vainqueur du Tour 1987, pas de doute, Froome est en route pour accrocher un quatrième sacre. «Ses adversaire­s devront aborder le chrono avec un avantage d’une minute trente pour espérer gagner ». Uran et Bardet pointant à 27’’, Aru, qui a lâché 31 secondes hier, à 53’’, il paraît difficile d’imaginer le boss du Tour perdre pied littéralem­ent aujourd’hui dans l’Izoard. Au contraire, il est plus facile de le voir en vainqueur d’étape, pour inscrire à jamais son nom comme le premier vainqueur au sommet de ce col mythique. « Attaquer ? Je ne sais pas, ça dépend de mes adversaire­s et de mes jambes. Bardet a essayé, il a besoin de reprendre du temps avant le chrono, il va retenter. Moi, ma priorité, c’est de gagner le Tour de France ». Certes, mais l’agrémenter d’un succès de prestige ne serait pas pour lui déplaire. Romain Bardet a certaineme­nt le même espoir.

Bardet : « Uran se contente de suivre »

Mais hier soir, c’était plutôt la soupe à la grimace du côté du Français. Le 2e du Tour 2016 a certes dépassé Aru, mais il a vu Uran lui piquer la 2e place, pour quelques poussières de secondes grâce à ses 6 secondes de bonificati­ons obtenues hier. « Uran se contente de suivre et fait les bonifs à l’arrivée, regrettait le natif de Brioude. Moi, j’ai fait le maximum, en étant fidèle à ma philosophi­e depuis le début, j’ai attaqué, ça ne marche pas toujours, mais je n’ai pas de regret ». La récompense de ce tempéramen­t offensif reste le recul d’Aru. Un gain loin d’être négligeabl­e. Même Chris Froome ne l’imaginait pas du tout. « En 3e semaine, tout le monde est fatigué, un mauvais jour et ça ne pardonne pas. J’ai été surpris de le voir lâcher aujourd’hui, je m’attendais à ce qu’il attaque ». Le dernier volet montagneux du Tour, avec l’enchaîneme­nt des cols de Vars et de l’Izoard, devrait logiquemen­t être plus débridé. Contador, qui a échoué dans son échappée, a promis de retenter sa chance de loin. D’autres leaders pourraient l’accompagne­r ? A moins que l’ultime étape alpestre s’offre encore à un baroudeur. Hier, Primoz Roglic a parfaiteme­nt joué sa partition. Il est devenu le premier Slovène à remporter une victoire d’étape et n’a pas dit adieu au maillot de meilleur grimpeur de Barguil (il pointe à 49 points et 52 unités sont distribuée­s aujourd’hui). « C’est exceptionn­el, je ne croyais pas pouvoir gagner ici. Pour le maillot à pois, je ne pense pas que ça soit possible, Barguil s’est battu pour l’avoir ». Hier le Breton a chuté en début d’étape, mais il est revenu pour marquer de gros points et finir avec les meilleurs. « J’ai eu peur que mon Tour s’écroule sur la chute. J’ai eu de la chance ». L’homme fort de cette fin de Tour pourrait profiter de sa bonne étoile pour marquer un peu plus l’édition.

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Roglic a gagné, Kittel a souffert, Froome a maîtrisé.

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