Les amateurs au pouvoir
Si André Malraux était encore de ce monde, il s’écrirait « le troisième millénaire ne fera confiance qu’aux amateurs ou ne sera pas ». Forte de cette tendance, la société civile a déjà pris du galon dont le chef des armées n’ayant jamais fait son service militaire et la ministre de tutelle pas davantage familière avec l’uniforme, ont poussé à la démission l’un de nos rares képis à afficher cinq étoiles. Amateurs également à l’Assemblée nationale où les nouveaux députés se targuent de ne rien connaître à ce qui constitue désormais leur métier. Amateurs pour gérer les finances publiques choisis parmi les citoyens sans patrimoine. Amateurs dans une « agricool » appelée à sauver notre agriculture. Les paysans devront-ils déserter les campagnes et s’installer dans les villes pour ne pas mourir de faim ? Les conteneurs de la dernière génération vont-ils remplacer une terre où, ces dernières décennies, on ne faisait plus guère pousser que des subventions ? Après les jardins sur les toits et les ruches citadines, voici qu’apparaissent en effet des armoires métalliques dont chaque alvéole produit autant de fruits et de légumes que m d’un sol plus capable de nourrir ses propriétaires. Au Japon, laitues sortent quotidiennement d’une ferme verticale dont les exploitants sont assurés de faire fortune sans avoir à quitter l’horizontal. Et tant pis si la nature ainsi fertilisée
est beaucoup moins belle...