Un vent de solidarité
Un formidable élan de générosité s’est créé au lendemain de l’incendie de Bormes-lesMimosas. Habitants et commerçants du coin se mobilisent depuis 48 heures pour apporter leur aide logistique, mais aussi beaucoup de réconfort, aux milliers de sinistrés
Après les violentes rafales de mistral qui ont attisé le feu, c’est désormais un vent de solidarité qui souffle sur Bormesles-Mimosas et les communes alentours. C’est qu’il a fallu de la place, des moyens logistiques, des initiatives et beaucoup de chaleur humaine pour réconforter et accueillir les quelque 13 000 sinistrés de l’incendie le plus dévastateur que la commune ait connu depuis 27 ans.
Camp de fortune
Des centaines de familles ont été accueillies chez l’habitant, en toute simplicité. «On a même plus d’offres que de demandes », témoigne Magali Tropini, adjointe au maire de Bormes-les-Mimosas, qui gère l’encadrement et la logistique au gymnase Pierre-Quinon. L’enceinte municipale transformée en camp de fortune a encore accueilli près de 800 personnes la nuit dernière. Parmi eux, Christophe, Christelle et leur fils Bastien, qui venaient d’arriver du Loiret pour trois semaines à Bormes. La famille préfère prendre les choses avec le sourire et beaucoup de philosophie, en attendant de « pouvoir rentrer au camping et de profiter vraiment des vacances ». Ici, les conditions sont un peu spartiates, « mais on ne manque de rien ». Pour cela, les sinistrés peuvent compter sur la dizaine d’employés communaux, aidés par une quinzaine de bénévoles qui se relaient en permanence depuis 48 heures. Guillaume, jeune Borméen de 20 ans, casquette vissée sur la tête, n’a « pas hésité » une seule seconde à apporter son aide. «C’est naturel, dit-il, c’est ma commune. Je veux l’aider.» Voilà depuis deux jours, et presque deux nuits blanches, que cet employé du centre de loisirs est préposé à la distribution de la nourriture. Au menu du jour : gaspacho de légumes, salade de riz et fruits frais. Les commerçants (petites et grosses enseignes) de Bormes, du Lavandou, de La Londe et même de Toulon, continuent d’affluer pour apporter des vivres.
Beignets et fruits frais gratuits
« Touché » par les événements, le patron de la pizzeria borméenne Taormina a livré, mercredi soir, plus d’une trentaine de pizzas. « Malheureusement, je ne peux pas faire ça tous les jours, s’excuse-t-il à moitié, sinon je vais vraiment faire faillite, mais je ne pouvais pas rester comme ça sans rien faire. » « C’était royal, le mec a apporté toutes ces pizzas gratuitement », n’en revient toujours pas un jeune sinistré. « On a aussi eu droit à plusieurs fournées de beignets Mascotte », ajoute Sylvain Poggi, de la Protection civile, qui s’en lèche encore les babines. « Depuis le début de l’incendie et des évacuations, résume Magali Tropini, entre deux coups de fil, on est submergés par ce genre d’initiatives » venues de toutes parts. Difficile de tous les citer, mais tout le monde tient à se sentir utile, d’une manière ou d’une autre: le 54e régiment d’artillerie d’Hyères, les associations comme Art et Si, le Lions Club ou le Rotary, la Croix Rouge, les bénévoles de la SNSM… Le Tuk-tuk londais a par exemple apporté des fruits frais au Cosec du Lavandou, des boulangeries ont offert des baguettes, la pharmacie Dugas de La Farlède est restée ouverte 24 h/24, d’autres ont livré directement des médicaments. Les médecins se sont eux aussi relayés au chevet des personnes souffrantes. Le Conseil départemental du Var a mobilisé deux psychologues, pour soutenir les personnes qui en auraient besoin. Et la savonnerie de Bormes a offert 500 savons…