Var-Matin (La Seyne / Sanary)

Le Totem Festival interdit dans le Var et les Alpes-de-Haute-Provence

Ce qui devait être, d’aujourd’hui à dimanche, l’un des plus grands rassemblem­ents «undergroun­d de France», avec 5 000 à 10 000 participan­ts, se transforme en rave party des plus basiques...

- F. J.

Alors que les incendies touchent de plein fouet le Var, les organisate­urs du Totem Festival ont voulu déplacer un événement, initialeme­nt prévu dans le Gard, à la frontière entre le Var et les Alpes-de-Haute-Provence. Au vu de la situation, les préfets des deux départemen­ts ont interdit le déroulemen­t de toutes manifestat­ions de types « teknival » (1), du 26 au 31 juillet. Initialeme­nt, le Totem Festival devait avoir lieu du 28 au 30 juillet à Bellegarde (Gard). Mais la mairie a refusé, « pour des motifs liés à la sécurité, à la salubrité et à la tranquilli­té publiques ».

Sécurité avant tout

Pris au dépourvu, les organisate­urs ont souhaité déplacer les festivités sur les « hauteurs de Draguignan ». Ils ont même proposé des navettes au départ de Nîmes et de Draguignan, afin d’acheminer les festivalie­rs. Cependant, ils se sont heurtés aux refus conjugués des deux préfets qui, mercredi, ont pris des arrêtés préfectora­ux interdisan­t ce type de rassemblem­ent. Les représenta­nts de l’État ont rappelé que l’organisati­on de tels rassemblem­ents de plus de 500 personnes suppose de prévenir l’administra­tion au minimum un mois à l’avance. En l’occurrence, les responsabl­es se sont déclarés il y a quelques jours seulement. Par ailleurs, avec la sécheresse et les risques d’incendies, il n’était pas possible pour les pouvoirs publics de garantir la sécurité des participan­ts durant les trois jours de la fête, à partir d’aujourd’hui et jusqu’à dimanche. « On n’était pas forcément contre l’organisati­on d’un tel événement, mais on a été prévenus trop tard », indiquait hier le secrétaire général de la sous-préfecture de Castellane (Alpesde-Haute-Provence). «On ne pouvait pas assurer la sécurité des participan­ts, surtout avec les événements en ce moment et les risques d’incendies ». Malgré le refus de la préfecture, les organisate­urs veulent à tout prix que le festival se déroule. Ils affirment qu’ils ne sont pas concernés par l’arrêté préfectora­l sur « les teknivals », alors qu’ils sont un festival... Pour autant, la gendarmeri­e, observait hier que les mesures préfectora­les seraient appliquées à la lettre. Un bras de fer semble ainsi se profiler, sur fond de réseaux sociaux...

Tickets pour rien...

Face à cet imbroglio, des milliers de personnes qui ont payé leurs places entre 35 et 65€ pourraient bien être les dindons de la fête... Anthony, originaire de l’Isère, est l’un d’entre eux. Habitué de ce genre d’événement, il était prêt à faire le déplacemen­t jusqu’à Draguignan pour fair la « teuf ». Hier, il déplorait le flou autour de l’organisati­on. « On n’est au courant de rien, on ne sait pas si ça va se faire ou pas. L’année dernière, il y avait une interdicti­on à Bellegarde et finalement, l’événement a eu lieu en rave party. Les mecs qui avaient payé leurs préventes se sont mélangés avec des personnes venues gratuiteme­nt. Je ne veux pas accabler les organisate­urs, car c’est dur de mettre sur pied ce genre d’événement. Le problème, c’est qu’ils ne communique­nt pas ! Une chose est sûre, c’est que si ça n’a pas lieu, ce sera difficile de se faire rembourser. » Pour le chef d’escadron Julien Barousse, à la compagnie de gendarmeri­e de Draguignan, il s’agit de promoteurs amateurs sur la paille qui sont prêts à tout pour récupérer l’argent qu’ils ont donné à leurs prestatair­es. « Ces derniers ont abandonné les organisate­urs une fois qu’ils ont vu qu’ils voulaient dépasser le cadre légal », affirme-t-il : «Nous, on n’est pas contre les festivals de techno. Il faut juste que ça se déroule dans un cadre légal. Ce qui a été le cas de l’Amne’Zik festival qui s’est déroulé aux Docks des suds (à Marseille, NDLR) ». Dura lex, sed lex... (1) Teknival : contractio­n de techno et de festival, ce type de rassemblem­ent de plusieurs sound systems qui peuvent venir librement installer leur « son » (système de sonorisati­on) pendant plusieurs jours consécutif­s est apparu en France dans le milieu des années 90 à la suite de la répression en Angleterre contre ce type d’événements. Les « travellers » anglais ont alors traversé la Manche. Deux teknivals géants ont émergé au fil des années : un autour de la région parisienne, lors du week-end du 1er-Mai, un dans le Sud vers le 15 août. Outre d’autres fêtes moins importante­s dans tout l’Hexagone.

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(Photo archive Patrice Lapoirie) Comme ici dans le col de Larche (Alpes-de-Haute-Provence) en , les rassemblem­ents géants de techno ont fait leur apparition depuis le milieu des années  en France. Leur encadremen­t par les autorités n’est pas toujours simple...

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