Un radar varois flashe à tout-va
Nous avons embarqué hier dans une voiture banalisée de gendarmerie équipée d’un radar dernière génération. Et ce, au coeur du plus gros chassé-croisé de l’année
La Dacia Sandero Stepway rouge s’est glissée hier dans le trafic dense de l’autoroute A8. Rien qui ne la distingue des autres dans le flot ininterrompu. Un véhicule de Monsieur-Tout-le-Monde en quelque sorte, si ce n’étaient les deux gendarmes en uniforme assis à l’avant. Autre détail tout de même : la voiture dispose d’un capteur sur la calandre avant et d’un radar caché sous la plaque d’immatriculation. «Le capteur infrarouge hypersensible permet de prendre les photos de nuit. C’est aussi efficace qu’un flash, mais invisible », commente Jérôme, gendarme de l’Escadron départemental de sécurité routière. Cette voiture sillonne les routes du Var et des Alpes-Maritimes, depuis Fréjus jusqu’à la frontière italienne. Elle embarque à son bord un radar dernière génération, relié à un GPS et à une caméra qui photographie les contrevenants. « L’avantage, c’est qu’on peut flasher les véhicules en roulant. Sur les départementales, on peut à la fois prendre celles qui nous doublent et celles qui arrivent en face.» Cinq voitures banalisées sillonnent ainsi les routes des Alpes-Maritimes et une partie du Var : deux pour la gendarmerie, deux pour la police nationale, une pour la CRS. Totalement anonyme, la Dacia s’est faufilée hier sur l’A8. Peu de contrevenants ont été flashés, le trafic était en effet trop dense en ce week-end de chassé-croisé. Malgré tout, le temps de notre demi-heure à bord, un motard a été pris par la voiture furtive. Il a été flashé à 142 km/h contre 110 km/h, mais seuls 134 km/h seront retenus contre lui. Le pilote ne s’est aperçu de rien, personne ne l’a arrêté. Le système informatisé de la voiture enverra directement le relevé au centre national de traitement des infractions routières de Rennes. Le motard recevra le PV dans quelques jours. «Si nous avons deux véhicules sur la même photo, celle-ci est jetée directement par l’ordinateur, souligne Jérôme. Il élimine le doute. » Depuis quelques jours, les contrôles routiers ont été renforcés dans les Alpes-Maritimes. Le département voisin a en effet déjà enregistré huit morts depuis le début du mois (triste record depuis 2009), et 36 depuis le début de l’année.
Privatisation d’ici décembre
L’État envisage toujours de privatiser le service des radars embarqués. Chaque véhicule (70000 euros l’unité, 18 000 euros d’entretien par an), ne roule en moyenne que 1 h 13 par jour. « Cette externalisation est toujours expérimentée dans certains départements, mais pas dans le sudest de la France, souligne Jean-Gabriel Delacroix. Le ministère de l’Intérieur et la délégation à la sécurité routière vont agréer un certain nombre d’opérateurs d’ici fin 2017. Ils prendront le relais des forces de l’ordre ce qui permettra de faire rouler beaucoup plus les véhicules. » Un conducteur averti en vaut deux.