L’art et la manière de venir en aide aux enfants maltraités
L’association Prema prend en charge, à temps complet, des enfants victimes et placés par la justice. Objectif : utiliser l’art et la chaleur de l’accueil pour les aider à se reconstruire
Les épais murs du mas gardent la fraîcheur, le jardin soigneusement entretenu est inondé de soleil et les enfants s’amusent en s’éclaboussant dans la piscine. Dans un coin discret de la campagne pradétane, on pourrait croire à une joyeuse maison familiale plongée dans les belles heures de l’été. Ce n’est pas le cas. Mais c’est précisément parce qu’elle est mensongère que cette image est efficace. Ici, les bambins qui barbotent ont traversé des tempêtes. Hauts comme trois pommes, ils ont déjà vécu la tragédie de la violence. Battus ou violés, ils ont été victimes de graves maltraitances au sein de leur famille et sont au Pradet parce qu’ils y ont été placés par les institutions en charge de l’aide à l’enfance. C’est dans ce contexte douloureux que la rassurante maison doit jouer son rôle. « Ici, c’est un lieu de vie et d’accueil, sourit Gwenaëlle Roux, directrice de Prema (pour Protection-résilience-éducationmédiation-art-thérapie), l’association qui gère les lieux . Depuis vingt ans, nous nous occupons d’enfants qui ont besoin d’une structure spécialisée. Nous accueillons actuellement dix enfants, répartis dans deux maisons, une au Pradet, l’autre à La Moutonne. Nous leur proposons une prise en charge globale, qui comporte un volet éducatif, un aspect pédagogique et une attention thérapeutique. » Traumatisés par des épisodes effroyables, mais ne souffrant à la base d’aucune pathologie particulière, ils doivent ici trouver un confort apaisant pour se reconstruire. « Nos enfants sont ici pour des séjours longs. Plusieurs années au moins, explique la directrice. Mais l’objectif est de faire en sorte qu’ils puissent finir par retrouver leur milieu familial. C’est le cas pour quasiment 100 % d’entre eux… » Pour mener à bien cette mission, outre l’accueil traditionnel et l’organisation du quotidien (scolarisation sur mesure et soins personnalisés), Prema, fondée par Roseline Gravrand, artiste sculpteur (et mère de Gwenaëlle Roux) mise sur l’intuition que l’art peut guérir. Ainsi, l’association multiplie les ateliers créatifs pour permettre aux gamins d’évacuer les mauvais souvenirs. Peinture, sculpture, musique ou chant, tout est bon pour les pousser à s’exprimer et évacuer au maximum la souffrance pour se construire un avenir. Site Internet : www.asso-prema.fr