Var-Matin (La Seyne / Sanary)

«Un enfant maltraité n’est pas condamné»

Boris Cyrulnik, psychiatre et psychanaly­ste

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Suivant avec attention le travail de Prema, le psychiatre de la résilience apporte son soutien à l’associatio­n et nous explique pourquoi.

Vous suivez le travail de l’associatio­n Prema depuis une dizaine d’années. Pourquoi estelle importante pour vous ?

Parce que c’est une institutio­n qui est belle et qui s’occupe des enfants d’après les principes de l’attachemen­t et de la résilience. On voit les miracles que ça donne. On a pu observer l’efficacité des principes et les résultats.

Vous semblez sous-entendre, que c’est un cas isolé ?

En France, quand on évoque ces idées, on est reçu gentiment, mais aucune décision n’est prise. Alors que les pays d’Europe du Nord ont déjà fait leurs réformes.

Pourquoi les principes de l’attachemen­t et de la résilience sont-ils efficaces selon vous ?

Parce qu’on ne fait pas d’étiquettes. Les enfants sont considérés comme « en voie de développem­ent » et toutes les étiquettes sont des adjectifs momentanés. Ce qui est vrai aujourd’hui ne le sera peut-être pas demain. Alors qu’en France, on colle des étiquettes aliénantes.

C’est-à-dire ?

On sait que les théories de l’attachemen­t sont évolutives. Ce qu’on est aujourd’hui (bagarreur, insupporta­ble ou mauvais à l’école) n’est pas un destin. C’est un événement, mais pas une fatalité. Un enfant maltraité n’est pas condamné. Les théories de la résilience sont scientifiq­ues. On peut analyser toutes les étapes du processus une à une.

L’art est utilisé dans ce processus. Quel est son rôle?

Si on demande aux enfants ce qui leur est arrivé, les gosses sont traumatisé­s par la manière de poser la question. Nous, on ne pose pas de question. On donne un papier et des crayons et on laisse dessiner les enfants. Ils parlent s’ils veulent. Ils s’expriment avec les dessins et les comparent avec ceux des autres. L’art est un intermédia­ire qui leur permet de dire ce qu’ils ne peuvent pas exprimer avec des mots. 1. Faculté à « rebondir », à vaincre des situations traumatiqu­es. La résilience est la capacité pour un individu à faire face à une situation difficile ou génératric­e de stress.

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(Photo doc. D. L.)

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