Rois de la lune
Baptême réussi hier soir pour le festival. Un concert % reggae : Alpha Blondy, Horace Andy ou encore Kalash ont partagé les bonnes vibrations avec la foule. Ce soir, que du lourd : Phoenix, Vitalic, Cocoon, Two Door Cinéma Club ....
La légende africaine Alpha Blondy, star d’une reggae night très réussie. Kalash a conquis un public survolté. Horace Andy, une voix unique : sa présence était un événement pour ses fans.
Et il est arrivé sur scène, si charismatique et envoûtant : acclamé comme le demidieu de la musique qu’à 64 ans il est devenu sur tous les continents. Il était 22 h 45 à Bandol et Alpha Blondy, rare star mondiale du reggae, a par sa seule présence fini d’enflammer un public amouraché qui ne demandait vraiment que ça. Il faut dire que les artistes qui s’étaient succédé sur scène avant lui avaient déjà passablement réchauffé l’air ambiant, et leurs fans dedans. Ces amateurs de Jah et autre Zion étaient venus en nombre pour s’offrir un trip estampillé vert-jaune-rouge, les couleurs du drapeau rasta qui a chaleureusement emmailloté une soirée où il était promis que s’agiteraient des dizaines de kilos de dreadlocks au mètre carré. C’est sous une température caniculaire que Bongo White, le rasta blanc et local de l’étape, a d’abord prêché son credo d’amour et d’eau fraîche, toujours utile sous le soleil de plomb. « Aidez chacun de vos frères à se révéler », s’est-il un instant abandonné. Pas de souci pour les « bro » en question, grimés en disciples de Marley ou déjà transportés : le ton de la soirée, résolument « à l’ancienne », était donné. Puis, Meta and the Cornerstones se sont pointés sous les spotlights du stade Deferrari. Le chanteur, un Sénégalais détonnant, a passé son set à sautiller, un bonnet de laine sur la tête pour couvrir sa volumineuse chevelure. Dans la fosse, les premières odeurs d’herbes de Provence sonnaient l’heure d’allumer le barbecue...
Kalash a envoyé du lourd
« From Kingston, Jamaïca » : c’est Horace Andy, 66 ans, qui s’en est chargé, toujours la flamme malgré 31 albums au compteur. Fringante, visiblement ravie d’être ici, l’une des dernières légendes vivantes du reggae roots caribéen a régalé les fans de ses odes mythiques - Skylarking, Money Money… - tout en rappelant dès la deuxième chanson (I’ve Got To Get Away) ses coopérations passées avec Massive Attack. Sa voix suave restera longtemps dans la mémoire des festivaliers. Ce fut alors à Kalash, trois kilos d’or autour du cou et quelques pépites sur ses dents longues de chanteur hype, d’envoyer des rafales de gros son dance-hall et de gangsta rap, et d’ambiancer ainsi la côte sous une déferlante de basses surpuissantes. En deux minutes, celui qui compte des millions de vues sur Youtube, et désormais un paquet de plus en live, a réussi la prouesse de réveiller les rastas assoupis au fond de la scène et de faire sauter en rythme le reste de la troupe. La suite, juste avant le final de la princesse du ragga Soom T, c’est donc le mystique Alpha Blondy qui la dicta. Avec son chapelet de tubes - Sweet Fanta Diallo, Cocody Rock, Jerusalem …-lepape du reggae à la sauce africaine a fini de souffler sur les braises d’un feu de joie musical qui a ravi jusqu’aux courageux pompiers varois, à qui cette soirée était dédiée. Torride, on vous dit.