Artignosc s’emballe
Chaque année pendant deux jours, le village perché aux confins du Var est en fête. Une centaine de joueurs participent à la coupe du monde de paume artignoscaise. Une tradition bien ancrée
Artignosc-sur-Verdon, village du haut Var perché à 515 mètres au-dessus de la rivière. La route qui le traverse passe devant l’église romane du XIe siècle. Là, sur la place, un drôle de manège, peut-être filmé par la caméra de vidéosurveillance. Des jeunes ont pris possession de la chaussée, sur la place, à l’ombre des platanes. Ils s’échauffent en vue de la coupe du monde de paume artignoscaise. Si, si. « C’est un nom pour rire », assure-t-on au sein de l’organisation de cet événement, qui attire quelque 300 curieux jusqu’à ce soir et ponctue une semaine de fête locale. « C’est un week-end qui fait revivre et rajeunir le village. Nous, c’est notre plus grosse semaine de l’année », témoigne Martin, le barman de l’auberge toute proche, qui offre souvent des glaçons pour les joueurs aux mains blessées. « Ça peut paraître rigolo, mais c’est très physique », assure ce jeune Belge. Une petite centaine de joueurs participe cette année au tournoi du week-end. Un chiffre proche du record atteint l’an dernier, qui témoigne que cette pratique ancestrale a fait bien plus qu’entrer dans l’ADN d’Artignosc, l’un des derniers villages provençaux à se passionner pour ce jeu. On y recenserait une trentaine d’adeptes réguliers.
« Des valeurs incroyables »
L’AIPA porte bien son nom :
(1) elle accueille cette année une délégation de six Anglais, qui pratiquent une discipline similaire (le Eton Five), elle aussi dérivée du jeu de paume ou de la pelote. Dans le haut Var, cette tradition se perpétue grâce à plusieurs familles. Celles de Marcel Perrimon, le doyen qui approche les 90 ans. De Daniel Daumas, qui a relancé un tournoi dans les années 90 et dont le petit-fils, Gaspard, a remporté plusieurs coupes du monde… Il y a aussi les Bianchi, qui continuent la transmission entre les générations (lire ci-dessous). « Ce jeu a des valeurs incroyables : le respect, puisque les joueurs s’arbitrent eux-mêmes, la fraternité, l’amitié, l’égalité… Et il y a de l’engagement physique. Il faut de la technique, de la puissance, de la souplesse. Les appuis sont difficiles sur le goudron », décrit Olivier Bianchi, président de l’AIPA et joueur expérimenté. Lui aussi va tenter de remporter « sa » coupe du monde, dont le trophée est dédié à Mikaël François, un champion décédé l’an dernier à 23 ans dans un accident en montagne. Les vainqueurs, ce soir, soulèveront aussi un bouclier peint par une artiste locale. « Nous ne pouvons être humains qu’ensemble », y a-t-elle inscrit en lettres capitales. Ce qui résume à merveille l’esprit de la paume artignoscaise. Le fair-play avant tout.
1. Association internationale de paume artignoscaise, qui organise le tournoi. Rens. : www.aipa.fr ; page Facebook « paume artignoscaise »