Secours vital
Ils sillonnent le département, au rythme effréné des urgences de l’été. Plongée au coeur du Samu . Et à bord d’un hélicoptère, si précieux pour le Var.
Surplombant l’hôpital, ses flancs jaunes brillent au soleil d’août. Abeille ouvrière du secours d’urgence dans le département, l’hélicoptère Spinal 90 connaît en été ses heures les plus intenses. Décollant et sillonnant le Var, au secours de personnes en détresse – détresse vitale. «S’il n’y a pas d’hélico, l’infarctus à Varages, ça va être dur… le coeur risque d’être plus abîmé», souffle un médecin dans les couloirs du Samu 83, au centre hospitalier Sainte-Musse à Toulon. Il est 11 h 24. «Pilote en salle s’il vous plaît», entend-on dans un haut-parleur. Le voilà qui apparaît dans l’encadrement de la porte.
Sorties aux quatre coins du Var
Ce sera le premier départ aérien de cette journée du 14 août, un lundi veille de jour férié, en plein pont d’été. Jusqu’au soir, les vols vont se succéder, menant le Spinal 90 de Ramatuelle à Cavalaire, puis à Cannes (lire ci-contre). Et encore aux Issambres, pour finir par un saut de puce par-dessus la rade de Toulon. Dans le même temps, les équipes médicales d’urgence, terrestres cette fois, auront enchaîné les sorties aux quatre coins du département. Sans discontinuer, de jour comme de nuit. Accident grave de la circulation, douleurs thoraciques à foison, suspicion d’AVC… De leur côté, les pompiers du Var auront été déclenchés des dizaines de fois. Non. Des centaines de fois.
Un outil décisif
En 24 h ce jour-là, 1363 appels urgents et non-urgents auront sonné au centre 15. La plateforme varoise est la vigie où convergent les alertes et d’où sont coordonnés les secours aux personnes – hormis le prompt secours des pompiers. Tous les maillons de cette chaîne se prolongent ensuite vers les hôpitaux de Toulon, du Var et de la région. Toute la journée encore, il faudra « chercher des lits », c’est-à-dire des places adaptées à chaque pathologie, selon les plateaux techniques existants… et disponibles. «Le bon moyen, au bon moment, dans le bon hôpital », résume un médecin régulateur, conscient de la nécessité de ne pas être dispendieux, avec des moyens qui ne sont pas extensibles. L’urgence vitale n’est pas la chasse gardée de l’hélicoptère, car voler impose des contraintes. Difficile de faire un massage cardiaque, dans un habitacle étroit. Impossible d’intuber un patient. Dans la pratique, l’hélicoptère ne fait qu’une (petite) partie des urgences graves. Mais il est un outil décisif. Qui vole à l’année dans le ciel varois. De jour uniquement.
Seul hélico, sans celui des pompiers
L’hélicoptère de transport sanitaire pourrait-il être remis en cause? Les équipes du Samu 83 le craignent, tant le Var a dû, de tout temps, se battre pour garder «à la maison» ses moyens aériens. «Sur les cinq hélicos sanitaires dans la région, on sait qu’il y en a un sur la sellette.» Secret de polichinelle, autant que serpent de mer. Ce lundi 14 août, l’hélicoptère des hommes «en blanc», était absolument le seul moyen aérien disponible (1). L’hélicoptère «des hommes en rouge» (le Dragon 83 des pompiers) était parti en Corse, renforcer des équipes et des machines éprouvées après des jours et des jours de combat face aux feux de forêt. Ce qui s’appelle – pour tous – être mobilisé sur tous les fronts. 1. Sauf déclenchement d’autres moyens en cas d’événement grave, évidemment.
Reportage : Sonia Bonnin sbonnin@varmatin.com Photos : Valérie Le Parc