Voisine d’antennes relais, une propriété quasi invendable Toulon
On les savait mises en cause par les électrosensibles. Il semblerait qu’elles puissent aussi avoir un impact négatif sur l’immobilier : c’est l’amer constat d’une propriétaire au Cap Brun
Ils ont à peine deux barres de réseau téléphonique. Un comble pour ces habitants du Cap Brun qui ont pourtant quatre antennes relais, dont deux grandes, collées à leurs propriétés. Ils s’en accommoderaient volontiers si la mauvaise qualité des télécommunications était l’unique désagrément. Mais parce qu’un malheur ne vient jamais seul, forcément, il n’en est rien. « Ça fait quatre ans que j’essaye de vendre ma maison, se désespère Véronique Casal, mais je n’y arrive pas. » En cause, assure-t-elle, la présence de ces antennes. Leur aspect, ainsi que leur visibilité depuis le terrain ou de certaines pièces de la maison. Et les craintes de potentiels acheteurs en termes de santé.
Baisse de prix conséquente
Denis Farsac, un voisin, lui aussi est inquiet. Certes, se séparer de sa villa ne fait, pour l’heure, pas partie de ses projets. « Le problème, c’est le jour où je voudrai la vendre… » Véronique Casal, elle, commence à s’agacer : « Je ne vais tout de même pas brader mon bien ! » En fait, elle en a déjà largement baissé le prix. Sa propriété de 3 500 m², avenue de La Résistance, sur laquelle elle a fait bâtir une maison de 220 m² avec six chambres, est estimée à 1,2 million d’euros. C’était en 2000, avant l’installation des deux antennes les plus visibles sur un terrain privé attenant. Aujourd’hui, la résidence est mise en vente à 920 000 euros. Et malgré cet effort, plusieurs agents immobiliers à qui Véronique Casal avait donné mandat se sont désistés. « Nous avons réalisé plus d’une vingtaine de visites sans aboutir, lui écrivait en mars 2016 l’un de ces agents. Il est régulièrement évoqué la présence d’antennes relais qui, pour un acquéreur potentiel, est rédhibitoire ! » Un an plus tard, un autre agent lui indiquait : « Votre maison ne pourra se vendre à sa valeur réelle et, malheureusement, il faudra en baisser le prix de façon très significative. »
Une vente tombe à l’eau
La propriétaire a bien cru s’en être sortie en juin dernier après avoir signé un compromis de vente. Mais les acquéreurs se sont, eux aussi, finalement rétractés au cours du délai légal, « les incertitudes concernant ces pylônes » étant trop importantes, notifiait l’agent immobilier. Qui signifiait : «La villa des Casal est, dans l’état, presque invendable. » « Je ne vends pas ma maison pour acheter un château, mais parce que financièrement, je suis un peu essoufflée : c’est mon capital, c’est ma retraite », regrette Véronique Casal, qui dès le mois prochain lancera une procédure auprès du tribunal administratif.
Trouble de voisinage
Son conseil, Me Patrick Lopasso, doit en effet demander une expertise « afin, explique-t-il, d’évaluer l’impact de ces antennes en termes de sécurité et d’atteinte au paysage ». Et de déterminer si oui ou non il existe « un trouble de voisinage ». Une procédure qui pourrait prendre jusqu’à dix-huit mois. Selon les conclusions de l’expert, l’avocat espère obtenir pour sa cliente non seulement l’habillage des antennes afin qu’elles s’intègrent mieux au paysage, mais surtout un complément indemnitaire afin de pallier la perte de valeur du bien. L’avocat concède toutefois que certaines activités peuvent générer une inquiétude, même infondée, « contre laquelle il est difficile de lutter ». D’autant plus que, les riverains l’ont appris il y a quelque temps, une nouvelle antenne devrait bientôt être installée au même endroit.